Un deux trois nous irons au bois, quatre cinq six cueillir des cerises, sept huit neuf dans mon panier neuf, dix onze douze elles seront toutes rouges. C'est long. Plus long que je ne pensais. Impatient, j'arrive parfois à précipiter les choses. Pas les personnes. Il faut du temps pour que ça "matche". Je grimpe quatre à quatre. Ce n'est pourtant pas une compétition. Je déteste les compétitions. Je n'ai jamais gagné que lorsque je ne savais pas que j'étais en lice ou, du moins, parce que je m'en fichais. Trop émotif. Et puis rien ne peut arriver pendant que je tape ces lignes. Seul assis. Par terre. La rue est terriblement silencieuse. Il y a un robinet qui goutte dans la salle de bain. Clic cloc. J'ai le nez bouché. Pas les oreilles. À l'affût. Un deux trois, il faut que j'y crois. Grandir est un travail de longue haleine. Quatre cinq six, le temps des cerises et son merle moqueur. Les saisons passent si vite. Sept huit neuf, je suis un homme neuf. Suppositions, résolutions, certitudes se sont évanouies. Ce foutu cycle nous fait revivre et nous assaille. Sire, c'est une révolution. Dix onze douze, contourner la "loose". J'ai des doutes sur l'époque, pas sur les évènements. Question de rythme. Je manque d'indépendance des membres. Un deux trois, ce n'est pas pour moi. Juste un autre moi. Quatre cinq six, que de queues de cerise. Sept huit neuf, comme si j'étais veuf, mais de l'autre moi. Dix onze douze, c'est le blues de l'anacrouse. Le soleil se lève. Je ne vois rien encore. Mais j'entends les mésanges...