70 Perso - mai 2020 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 13 mai 2020

Pas d'histoire, juste de la géographie [archive]


Article du 20 mai 2006

Pourquoi certaines images représentent-elles pour chacun d'entre nous certaines valeurs symboliques qui nous les font associer à telle ou telle émotion récurrente ? Pourquoi ce morceau de musique nous calme-t-il ? Ne s'imposent-ils pas seulement lorsque nous perdons pieds ? Incapables de percer l'obscurité intime qui nous encercle, nous recherchons des cordes qui puissent vibrer en sympathie avec notre état, des lignes auxquelles s'accrocher pour ne pas sombrer. Ça n'est que le rythme de la respiration, un second souffle, une main tendue. Nous nageons en plein virtuel, bien entendu.
En période de crise, quand le désespoir m'envahit, j'ai pris l'habitude d'écouter le premier mouvement de la première symphonie de Charles Ives. Heureusement cela n'arrive pas souvent. Aussi triste que du Mahler, cet allegro jouerait-il le rôle pavlovien d'une résurrection, dont le premier mouvement, toujours le premier, jadis m'inspira, titre de la seconde symphonie du sieur Gustav, comme les Métamorphoses de Strauss ? Mes choix sont-ils dictés par quelque raccourci freudien, ré mineur, le dragon renaissant de ses cendres, histoire de se rassurer, qu'il y aura bien encore cette fois une rémission, une remise de peine ?
Alors pourquoi cette photo ? Elle ne porte aucun titre. Est-ce le nuage qui remonte de la vallée au lieu de planer menaçant ou la perspective d'un ailleurs au-delà des cimes, de l'autre côté des cols ? Le souvenir de sa vitesse fulgurante ? C'est le matin. Le soleil se lève en haut à droite. Pourtant émane la même tristesse qui suit les premières mesures du chant du merle. Jour après jour. Les neiges éternelles apparaissent comme des petites cicatrices laissées par les saisons. Les arbres répondent aux roches. L'unité. Tous les temps se confondent. Pas d'histoire, juste de la géographie.

samedi 9 mai 2020

Actualisation des archives


Vous aurez probablement remarqué que depuis le début de la semaine, je n'ai publié que des archives de mon blog, commençant par les plus anciennes datant de 2005. J'ai choisi d'y adjoindre des articles plus récents en remontant le cours du temps lorsque j'avais écrit plus tard sur le même sujet. J'ai également ajouté des liens hypertexte absents à mes débuts de blogueur, ainsi que des films et des mises à jour. Ma sélection dépend de ce qui me semble toujours d'actualité, évitant ce qui peut être considéré anecdotique. Quoi qu'il en soit, je ne vais pas republier les 4400 articles qui sont toujours accessibles grâce aux divers champs de recherche de drame.org/blog. Il faudrait quinze nouvelles années à raison d'un article par jour et je n'en vois évidemment pas l'intérêt !
Deux raisons m'ont poussé à plonger dans le passé plutôt qu'à évoquer l'actualité du jour. La première provient d'une demande de nombreux lecteurs et lectrices de publier d'anciens articles importants à mes yeux. Il est certain que l'aspect encyclopédique, acquis au fil du temps par l'accumulation, risque de donner l'impression que l'on pourrait s'y noyer. La seconde est liée à la monotonie du confinement. Je ne reçois pratiquement plus de films, de disques ni de livres, et, en l'absence d'évasions corporelles, mon quotidien se résume à travailler au studio et faire la vaisselle. J'appelle "faire la vaisselle" tout ce qui a trait à l'intendance, rangement, bricolage, nettoyage, plus toutes les tracasseries administratives. Je pourrais néanmoins chroniquer les livres que je lis, les films que je regarde, les plats que je cuisine, mais je ne veux pas me forcer. Je n'écris que guidé par l'inspiration, et je ne tiens pas à me polariser sur la crise politico-sanitaire.
Ce travail de réactualisation me prend autant de temps qu'habituellement mes articles quotidiens. Au départ, l'un des aspects qui m'avait séduit à tenir un blog était de ne pas ressasser face à mes divers interlocuteurs. Une fois que c'est dans le marbre virtuel, j'en suis débarrassé. J'ignore si je vais trier l'intégralité des quinze ans passés jusqu'à aujourd'hui ou si c'est une passade. Ce pourrait être une série diffusée par saisons, ou alterner les billets que mon humeur et l'actualité me dicteront. C'est probablement cette dernière option qui m'arrangera. C'est ainsi que Jonathan Rosenbaum pratique, l'un des rares blogueurs que je suis régulièrement. Sur son site il mêle des articles actuels à ses écrits journalistiques lorsqu'il était au Chicago Reader. En l'absence d'inspiration fondamentale, je pourrai assurer tout de même ma livraison quotidienne, peut-être même recommencer à publier 7 jours sur 7 comme jadis. J'avais utilisé ce procédé par exemple en publiant l'ouvrage "Le son sur l'image" chapitre par chapitre. Cela m'avait fait des vacances ! La gestion de la crise m'en ayant privé alors que j'avais prévu un break à partir du 19 mai, je suis soulagé. Pourtant, en général je préfère créer que gérer. Lorsque je sais faire je gère, lorsque je l'ignore je crée. Mais ces révisions à quinze ans d'intervalle me permettent de réfléchir à l'avenir en analysant le passé, passé que j'avais oublié. Je suis surtout bien organisé. Ce blog me tient lieu de mémoire...