Lorsque je suis tenu au secret pour ne pas ébruiter ce qui se trame dans l'ombre avant les annonces officielles, lorsque mes journées commencent à 4h30 pour se terminer vers minuit passé, que voulez-vous que j'écrive ? Je peux tout juste rêver devant une image prise il y a quelques jours, mais réduite, à l'heure qu'il est, à un banal fond d'écran. C'est tout de même une fenêtre vers un autre temps, pas encore véritablement vécu parce que celui de presser sur un bouton ne permet pas de s'y plonger corps et âme. C'est un réflexe de survie, un truc à consommer plus tard, qui, sorti de son contexte, ravive les odeurs végétales excitées par le vent que les embruns citadins étouffent sous l'affairement. Patatras. À quoi servent les souvenirs ? À quoi servent les souvenirs quand on n'a pas su les vivre pleinement dans leur primeur ? Il reste la mémoire et l'imagination. Ça sent bon, mais il est déjà tard.