70 Pratique - mars 2010 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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dimanche 28 mars 2010

De cheval


Je connaissais le lait d'ânesse par mes lectures. Très prisé depuis l'Antiquité, il aurait, selon Buffon et même Hippocrate, celui du Serment, d'étonnantes qualités médicinales. Il en va de même pour le lait de jument, tous deux les plus proches de celui de la femme (de cheval, âme de cheval, fr-hommage à Bobby Lapointe). J'ai passé l'âge de la tété, mais son goût est fort bon et l'expérience intéressante, comme chaque fois que je peux goûter un mets qui m'était inconnu. Ayant correctement gagné ma subsistance ces mois derniers, j'ai commencé à fréquenter les Nouveaux Robinson à Montreuil, l'un des plus anciens magasins bios en Île-de-France. J'ai déjà évoqué ici le sucre de noix de coco, les blettes et leurs poireaux dont nous nous délectons comme d'une friandise, mais l'exploration des rayons réserve maintes surprises, de toutes les sortes de pain complet ou semi-complet, plus digeste, aux diverses espèces de pommes, des œufs frais aux ananas séchés du Togo, du pain d'épices aux spaghetti à la quinoa, à l'ail et au persil (de cheval)... On trouve évidemment toutes ces denrées estampillées dans les autres magasins bios comme Biocoop ou Naturalia. Ils sont tous très chers, même si certains produits frais ne sont pas toujours exorbitants. La question de l'amabilité est un paramètre important qui me fait fréquenter les uns plutôt que les autres. Le couple de petits maraîchers du marché des Lilas, sur la gauche en entrant, juste après le fleuriste, ont également d'excellents légumes, sans être bios, et sont adorables (de lapin). Depuis que je ne me repais plus de viande à tous les repas, le budget alimentation est resté stable. Mieux équilibré ! Manger des légumes cultivés avec amour permet de les consommer nature, sans se sentir obligés de rajouter mille artifices. Sur les poireaux, même le filet d'huile d'olive semble de trop (de cheval).

vendredi 19 mars 2010

Nous faisons lignes à part


Françoise et moi faisons lignes à part. Pratiquant de temps en temps l'une et l'autre le téléphone longue durée, nous avons chacun notre propre numéro. Depuis les abonnements tout en un avec forfait illimité nous avons donc loué deux FreeBox. En cas de panne, comme hier matin où la liaison Internet de ma compagne était coupée, nous pouvons nous rabattre sur l'autre connexion, nous évitant de tourner chèvres et de paniquer comme des idiots. Depuis que nos iPhones fonctionnent en Edge ou en 3G nous avons encore une solution de secours pour récupérer ou envoyer des mails. J'ai également conservé mon numéro France Telecom qui me permet d'appeler sur le 09 et de recevoir par le 01, et en cas de rupture Free de continuer à pouvoir travailler. Cinq lignes de téléphone, six ou sept ordinateurs, deux modems, quatre bornes wi-fi, deux lapins communicants, une boîte aux lettres au format homologué pour recevoir les gros paquets, trois bicyclettes, deux cartes Vélib', quatre jambes, une vieille bagnole pourrie, un métro pas loin, deux bouches et des oreilles, des voisins sympas, on ne pourra pas dire que nous sommes coupés du monde. En retour, on s'inquiétera de notre santé mentale.
Sur certains points nous avons néanmoins assaini l'atmosphère domestique, d'autant que nous travaillons tous les deux à la maison. Nous ne répondons ni l'un ni l'autre aux coups de fil qui ne nous sont pas adressés, pas plus que nous ne réveillons les ordinateurs qui ne sont pas les nôtres, sauf occasions exceptionnelles avec l'accord du conjoint ! Nous ne posons non plus aucune question sur les endroits où nous sommes allés et sur nos rendez-vous respectifs, laissant à l'autre le soin de raconter ce qu'il ou elle souhaite. Bavards et prolixes en confessions, avis et interrogations permanentes, nous partageons déjà tant de complicité. Comme l'indépendance économique est le garant de nos choix individuels, l'intimité est le complément indispensable de la fusion. Cela me fait penser à un feuilleton radiophonique de Zappy Max dont je me souviens des intonations quand dans les années 50 toute la famille réunie autour du premier poste à transistors écoutait Ça va bouillir !