70 Pratique - juin 2012 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 29 juin 2012

L'iPad à l'eau


À l'heure des vacances, le sable et la mer n'empêcheront pas les accros à la pêche de se connecter sans accroc, car l'iPad à l'eau rime avec pédalo. Tandis que le Capitaine augmente les smicards d'un Carambar par jour, l'équivalent de deux baguettes de pain par semaine pour les moins déprimés qui résisteraient au sucre en optant pour une denrée de base, les geeks fondus de la pomme ou fendus de la poire jouiront de leur tablette sans craindre de la perdre. J'en ai résilié mon abonnement papier à mon quotidien matinal, mais n'allez pas croire que j'ai définitivement opté pour le jet d'eau. Pourtant le style tiers-monde est autrement plus sain, plus propre et moins polluant. Je m'égare en pensant à Rossini et son prélude hygiénique du matin. Est-ce à force de regarder le ciel et ses avaries, mais les chauds-froids parisiens nous font délirer sec. Depuis que j'ai reçu un sac en plastique hermétique à 17,99 euros et trois rabats je peux enfin prendre mon bain en suivant l'actualité humide. De quoi sombrer certes et se noyer sous les vagues infos délivrées par les organes aux ordres du pouvoir, celui de l'argent précisément. Plouf. La bouée de sauvetage Mediapart me repêche in extremis...

Et Gioachino Rossini, ô sublime inventeur du tournedos à qui il donna son nom, du Duo des chats et de cent cinquante Péchés de vieillesse, rassemblés en quatorze volumes et probablement composés pour faire plaisir à sa femme alors que la musique lui sortait par les trous de nez, soit Album italien, Album français, Morceaux réservés, Quatre hors d'œuvre et Quatre mendiants (Les radis, Les anchois, Les cornichons, Le beurre, Les figues sèches “Me voilà – bonjour madame”, Les amandes “Minuit sonne – bonsoir madame”, Les raisins “À ma petite perruche”, Les noisettes “À ma chère Nini”), Album pour les enfants adolescents (Valse lugubre, Impromptu anodin, L’innocence italienne / La candeur française, Prélude convulsif, Ouf! Les petits pois, Un sauté, Hachis romantique...), Album pour les enfants dégourdis (Mon prélude hygiénique du matin, Prélude baroque, Memento homo, Assez de memento: dansons, Valse torturée, Une caresse à ma femme, Un petit train de plaisir comico-imitatif, Fausse couche de Polka Mazurka, Étude asthmatique, Un enterrement de carnaval...), Album de chaumière (Gymnastique d’écartement, Prélude inoffensif, Valse boiteuse...), Album de château (Spécimen de l’Ancien Régime, Prélude pétulant-rococo, Prélude prétentieux, Spécimen de mon temps, Valse anti-dansante, Prélude semi-pastorale, Prélude soi-disant dramatique, Spécimen de l’avenir...), Album pour piano, violon, violoncelle, harmonium et cor (Échantillon de blague mélodique sur les noires de la main droite...), Miscellanée pour piano (Prélude blagueur...), Miscellanée de musique vocale (La chanson du Bébé “Maman, le gros Bébé t’appelle” pour mezzosoprano, Amour sans espoir - Tirana a l’Espagnole rossinizée “Faut-il gémir d’amour sans retour” pour soprano, À ma belle mère “Requiem Eternam” pour contralto...), Quelques riens pour album, Musique anodine et Autres péchés de vieillesse, autant de titres rappelant drôlement ceux, plus tard, d'Erik Satie ou Luc Ferrari...

jeudi 28 juin 2012

Et la lumière fut


La lampe des anciens vidéoprojecteurs coûte presque aussi cher qu'un appareil tout neuf aux normes actuelles. J'ai hésité longuement. On attendra encore pour le Full HD, soit 1920×1080 pixels, et la connexion HDMI pour brancher un Blu-Ray. Pas moyen de me résigner à mettre à la poubelle nos Canon Xeed SX50 dont le système LCoS ne laisse apparaître aucun interstice entre les pixels. Nicolas Clauss les avait choisis pour notre installation interactive des Portes, car ils permettaient au spectateur d'être tout prêt de l'écran sans être gêné par la pixellisation. Probablement trop monumentale, l'œuvre n'a pas été rejouée depuis sa création au Festival Nemo en 2006. Elle dort dans un garage en pièces détachées.


Nous vivons au milieu du gâchis. À l'époque de la VHS nous allions faire réparer les lecteurs vidéo Porte de Versailles dans la boutique d'un petit monsieur qui faisait cela pour pas très cher. Maintenant, dès qu'un lecteur CD est en panne on en rachète un. On nous vend des imprimantes à 1 euro, on peut les foutre en l'air quand les cartouches sont vides. Et les composants électroniques de polluer la planète à qui mieux mieux. Les vieux téléphones portables, les ordinateurs et leurs écrans sont envoyés en Inde ou je ne sais où pour aller intoxiquer d'autres populations que celles qui les ont consommés. On ne sait plus recycler. On accumule. On enterre. On creuse sa tombe. J'ai trouvé sur le Net un vendeur de lampes moins cher que les autres, Lampevideoprojecteur, situé à Montreuil. Que la lumière soit...

lundi 25 juin 2012

François Bon pratique


François Bon est écrivain, éditeur, conférencier, blogueur, twitteur, voyageur. Son principal outil est composé d'un clavier et d'un écran. Ses mains et ses yeux. Il joue aussi de la basse électrique, gardant une oreille pour ses potes musiciens, et sa parole se propage là où passe le TGV. François Bon occupe généreusement le terrain du partage en semant à tout vent ses rêves et ses colères, ses expériences et ses analyses, sans négliger la quantité tant il est déjà affublé de qualités.

On a beau être sous perfusion Internet, il est difficile d'en pratiquer tous les sports. La musique, le cinéma, mon blog quotidien et un besoin inassouvi de nature m'accaparent trop pour que je puisse participer sereinement au marathon qu'impose les nouveaux réseaux. Certains de mes proches se gondoleront en lisant ces lignes, pensant que c’est l’hôpital qui se moque de la charité. D'abord je ne me moque pas, j'admire. Ensuite je me soigne en résistant autant que possible chaque fois que je passe à proximité d'un des nombreux écrans qui m'entourent, enfin j'apprécie le bienveillant altruisme de celles et ceux qui transmettent ce dont ils ont hérité.


Dans la série couteau suisse et manuel de survie, François Bon vient de publier deux longs articles sur son passionnant blog du Tiers Livre. Le premier s'intitule Twitter et comment s’en servir, soit "lire écrire veiller sur twitter – mode d’emploi en 26 notes et remarques, et réflexions personnelles sur quelques usages (et usagers) remarquables", le second liseuse, tablette : acheter quoi pourquoi ?, n'abordant "aucun conseil, chacun libre – juste les ingrédients du choix". Ces deux contributions remarquablement étayées raviront toutes celles et tous ceux qui se posent l'une ou l'autre question.

Les autres, ou les mêmes, se délecteront d'un site riche de fictions et expérimentations, de brèves de web et petites infos, d'une description du plateau de Saclay, de lecture numérique (publie.net, François Bon a fondé la première coopérative d'auteurs pour l'édition et la diffusion numériques de littérature contemporaine), de livres, d'art, de photos ou de musiques. On pourra le suivre jusque tard le soir @fbon sur Twitter (j'y suis moi-même sous @jjbirge, mais peu prolixe) ou l'accueillir à la gare si vous êtes matinal.

Illustrations : Tiers Livre / Monsù Desiderio (Musée des Beaux-Arts d’Orléans) choisi par FB (ce ne sont pas les initiales d'un réseau social, mais celles de l'écrivain).