La chorégraphe Kitsou Dubois travaille depuis de nombreuses années sur l'apesanteur. Sous le titre "Autres pistes" elle a réuni au Théâtre de la Cité Internationale une série de numéros de cirque qui défient la gravité et se jouent du poids du corps des acrobates. De semaine en semaine jusqu'au 9 août, virtuoses du mât chinois, clown, jongleur au diabolo, trapézistes composent des spectacles en courts métrages qui donnent le tournis. Dimanche dernier, l'après-midi commençait avec Marie-Anne Michel dont le mât avait été dressé dans le hall du théâtre. Jouer dans un lieu inhabituel produit toujours un effet intéressant sur les spectateurs ; le déplacement interroge la représentation et en l'amenant vers le public lui donne une réalité plus merveilleuse que les conventions théâtrales, il nous en rapproche comme si nous étions invités à découvrir le spectacle depuis les coulisses, là où les trucs se voient sans pénaliser l'illusion, bien au contraire. Et la jeune fille de tomber, de tomber... Ayant regagné la salle, nous découvrons l'humour de Tsirihaka Harrivel qui, attaché à un contrepoids sur une poulie, vole et nous venge, jeu de massacre où le mobilier part en morceaux, par la maladresse d'un clown bègue luttant contre l'adversité des forces contraires. J'apprécie grandement l'absence de musique de ces deux premiers numéros tant le choix musical des danseurs et acrobates est souvent catastrophique. Les grincements du mât de Marie-Anne Michel nous font voguer sur une mer composée d'autant de nous-mêmes et les cascades d'Harrivel absorbent les pleurnicheries à-propos du chiard d'une mère égoïste mettant tant de temps à quitter la salle ! Monteverdi rendra totalement soporifique le duo de portés qui suivit, beaucoup trop académique à mon goût, plus gymnaste que créateur de rêve, et la ritournelle répétée du duo sur trapèze affadissant pourtant un beau travail d'enlacements que les costumes blancs des uns et des autres ne mettent hélas pas en valeur. Nous regretterons d'avoir manqué le clown Ludor Citrik programmé dans les jours qui suivent, mais sortirons heureux d'avoir passé ces moments en apesanteur.