70 Voyage - septembre 2007 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 24 septembre 2007

Che cosa sono le nuvole ?


C'est bon de regarder le ciel de temps en temps. Il faudrait pouvoir se hisser pour ne plus rien voir d'autre. L'azur à perte de vue. Un gaz de plus en plus rare. Dans les pays nordiques, la voûte semble plus haute qu'ailleurs, plus transparente. Près des côtes, on dit que lorsque l'on aperçoit les îles au loin, il fera mauvais demain. L'horizon serait plutôt du côté de la terre ou de la mer. Ne regarder qu'en l'air. Dans la journée, on oublie les étoiles. La nuit, le ciel se bouche, il s'aplatit, ses limites se perdent dans le flou de l'obscurité, sa profondeur reste une image mentale, il sombre. Croce Spinelli et Sivel sont enterrés au Père Lachaise pour être montés trop haut, c'était en 1875. Ignorant que Tissandier avait pu ramener la Montgolfier, je ne comprenais pas comment ils pouvaient se retrouver là, au coin de deux allées, main dans la main, magnifiques statuaires. Contrairement à d'autres immensités agoraphobiques, le ciel est apaisant. Tout y semble léger. Il y eut d'autres cosmogonies, d'autres mythes, d'autres paradis, mais c'est lui qui emporta le morceau. Je repense souvent à Toto et Ninetto Davoli contemplant les nuages, marionnettes allongées sur le dos abandonnées dans une décharge, dans le sublime court-métrage de Pier Paolo Pasolini. Ce que sont les nuages.

P.S. : Paillette, puis Alain Longuet, m'apprennent la mort de Patrick Morelli, l'initiateur de La lune et les étoiles. L'une d'elles s'est éteinte. J'avais sonorisé en Arles les images de tous les photographes qui avaient blogué en images 365 jours par an depuis 1999. C'était la première fois que j'entendais parler d'un journal quotidien sur le Net, photographique et poétique qui plus est. C'était un homme charmant et généreux.
Sa maman, Monique Morelli, avait chanté Fréhel, Aragon, Carco, MacOrlan, Bruant, Villon... C'est elle qui interprète Elsa dans le disque du PC de 1975 qui célébrait l'année de la femme. J'en étais l'assistant avec Charlotte Latigrat pour Charles Bitsch. C'était la première fois que j'entendais la chanson mise en musique par Ferré. Son cabaret, Le Père Ubu, avait accueilli les deux chanteuses préférées de mon adolescence, Brigitte Fontaine et Colette Magny, avec qui j'aurai plus tard la chance d'enregistrer pour le projet Urgent Meeting / Opération Blow Up.

samedi 15 septembre 2007

Paris-Lorient-Paris dans la journée


Passant par la rue du Départ (sans recevoir 20 000 balles) pour m'éviter les dix minutes de couloirs souterrains de la station Montparnasse au quai du TGV, je tombe sur une vitrine des Galeries Lafayette avec nos lapins fétiches : en reflet, Shoot 'em Up (Descendez-les !) ; sur l'écran : A priori il n'y a aucune raison... Belle annonce pour la reprise de notre opéra à Nantes la semaine prochaine pour le Festival Scopitone !
Dans le train, une vieille dame ronchon hurle "Vous n'avez pas soif, derrière ?". Elle n'arrêtera pas de se retourner jusqu'à s'en prendre à ma voix "porteuse"... "Un vrai moulin à paroles !". Difficile de dire le contraire. Si je parle pourtant tout doucement, ma gamme de fréquences ressemble bigrement à la sienne. Elle n'arrive pas à se concentrer sur son magazine pipole. J'ai beau faire des efforts de murmures, ses tympans vibrent en sympathie avec mes cordes vocales. Nous préparions discrètement notre entretien concernant l'appel d'offre pour une installation muséographique immersive projetée sur onze écrans. Nous faisons rire nos interlocuteurs en divaguant sérieusement sur l'océan, mais cela ne peut encore en rien augurer de leur choix. Il faisait beau, l'air était pur, comme un parfum de vacances, un leurre.
J'aurais souhaité prendre un cliché breton, hélas la ville reconstruite après les bombardements alliés est aussi lisse qu'un centre commercial. J'entends tout de même une mouette à l'instant de grimper dans le TER bondé qui m'emporte vers Rennes. Arrivé à Paris, il n'y a pas de taxi. Il n'y a jamais de taxi à la Gare Montparnasse. Je finis par en alpaguer un à Vavin qui ferait bien le tour de Paris pour me ramener à la maison. Je suis pressé de rentrer, Françoise s'envolant dans quelques heures pour New York où elle va préparer la ressortie de ses films sur le territoire américain. L'histoire se répèterait-elle ?