70 Voyage - juillet 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 30 juillet 2008

Oblades et mustelle


Partis à 5h du matin, nous sommes arrivés au large de Cassis une heure plus tard. La pêche à la traîne n'ayant rien donné, nous avons lancé les rusquiers (du provençal "rusque", l'écorce) par dessus bord. Ce sont des flotteurs en liège d'environ 15 centimètres de diamètre, peints en blanc pour qu'on les repère plus facilement, auxquels sont fixés trois hameçons garnis de pain frais pas trop cuits. Les poissons mordent au piège et ne pouvant entraîner le bouchon au fond de l'eau remontent deux ou trois fois pour finir par se noyer. On n'a plus qu'à repasser avec le pointu et les repêcher. Nous nous battons contre les gabians (goélands) qui fondent sur nos proies. Moisson d'oblades, avec en prime une énorme mustelle à la mine patibulaire, mais à la chair succulente, que Jean-Claude cuira au court-bouillon dans la turbotière que ses filles ont chinée à l'Emmaüs de Marseille. J'ai rapporté de Paris des algues fraîches (nori) conservées dans le gros sel qui se fondent très bien avec les tomates, les oignons et les herbes aromatiques du jardin... Suit une bonne sieste !

mercredi 23 juillet 2008

Une faille dans le poudingue


Faille, poudingue : fente, pou dingue, femme, pudding, flamme, badine, flemme, bedaine, forme, régime... Faux-semblants, à l'origine du monde... Sieste...

mardi 15 juillet 2008

Le rocher du Rorschach


De la brume soudain émerge la tête du chien.
Au-dessus, le nuage invisible dessinait un tibia.
Serions-nous assez fins pour trouver le trésor
sans réveiller le molosse et gommer le mouton ?

samedi 12 juillet 2008

Plumes


Nous nous sommes endormis sur le qui-vive craignant que le chat ne fasse qu'une bouchée des petits canetons en train de naître sous notre fenêtre. Leur mère n'avait rien trouvé de mieux que de couver dans les buissons juste en dessous du perchoir de Scotch. Elle sort pour se nourrir, mais elle regagne subrepticement son nid après s'être assurée que personne ne la regarde. À minuit, nous entendons les coquilles craquer et les petits piailler.
Vers 4 heures du matin, j'entends de drôles de sifflements, comme des plaintes. Je me redresse brusquement dans le lit pour m'apercevoir que c'est ma compagne qui fait ces bruits de sirène homérique. Les canetons ne mouftent pas. En revenant des toilettes, j'aperçois comme une paire de chaussettes roulée en boule le long du couloir. Je m'approche. C'est une tourterelle, mais comme elle ne bouge pas d'un cil qu'elle n'a pas, je me demande si ce n'est pas un leurre en plastique du père de Françoise. Je retourne dans la chambre chercher une lampe de poche et j'éclaire son petit œil rond et noir. Un trou de sang coagulé marque son dos. L'oiseau reste inerte jusqu'à ce que je le saisisse pour le mettre dehors. Après un tour d'inspection dans la maison, je découvre le carnage dans la cuisine. Le lendemain matin, je peux suivre le trajet du chat aux plumes semées sur son passage, mais plus aucune trace de la tourterelle.
Avec ses copines, elles volent le grain des canards et en consomment 50 kilos chaque mois, un gouffre. Scotch, tapi à l'affût, sait faire la différence entre animaux domestiques et pilleurs célestes. La cane, de son côté, vient le narguer pour fixer les bornes avant qu'il ne se croit tout permis. Nous attendons que tous les petits soient nés. Il faudra en attraper un pour attirer la mère suivie de toute sa smala et les faire entrer dans la nurserie...