70 Voyage - mars 2009 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 25 mars 2009

Flash back et remix


Votre solidarité m'encourage à me détendre. Je peux m'allonger lire, à en oublier d'écrire. Je me rejoue la scène de la plage de galets en bas de l'échelle. C'est plus haut que ça en a l'air. C'est surtout très grand avec une colonie de goélands seuls face à l'horizon. C'est loin. C'est déjà loin. Mais à seulement deux heures de Paris.
En réalité, Françoise me demande de regarder l'état du montage de Ciné-Romand. Igor et elle ont tout bouleversé. La version projetée au Centre Pompidou n'en montrait que les prémices. Elle a choisi d'autres plans, incorporé les spectateurs à la fiction, utilisé la distance critique des webcams en cherchant les correspondances entre les différents films.
Je profite aussi de ce jour chômé pour "lire" un copieux et passionnant billet sur Poptronics accompagné de séquences exclusives filmées par Chris Marker et intitulé C’est les luttes virales, groupons-nous et demain.... Annick Rivoire y recense les actions inventives des grévistes et résistants au sarkozisme destructeur. C'est bourré d'images et de liens précieux.

jeudi 19 mars 2009

Le grand écart


La chevelure de Mélisande nous invite à gravir le petit écart qui nous sépare du précipice. Tout en bas la mer recopie cent fois le verbe aimer. Le vent peigne les herbes vertes et brillantes dans les deux sens. Cela dépend des jours. Imitant les petits oiseaux noirs qui y ont fait leur nid, nous nous prélassons sur cette couche moelleuse sans crainte de glisser.
Lorsque la nuit est tombée, nous y enfonçons les doigts, traversant la grotte pour rejoindre l'autre côté de l'arche, du côté de l'aiguille. La galerie de mineurs est déserte. Les galets roulent sous nos pieds. Je me trouve trop gros. Je vais faire un peu d'exercice cet après-midi avec tous les artistes conscients du besoin de changement. Nous avons rendez-vous devant le Cirque d'Hiver à 14h. Ensuite nous rejoindrons le gros de la manif. Je me fondrai dans la masse.

mercredi 18 mars 2009

Au creux de l'aiguille


Il faut savoir appeler un chat un chat. Nous avions abandonné le nôtre aux divans profonds. La falaise était déserte. Entre les mains du lutin gantées de bleu l'aluminium tournait au platine. Le petit être en avait prélevé un morceau pour dessiner des sourcils à ses vers obscurs tant le soleil tordait le métal de ses rayons d'abeilles. D'arrogants oiseaux cognaient de leurs becs le toit de l'espace. Nous les avons chassés avec des gobelets, nous les avons chassés avec soin. L'eau chaude sentait la réglisse, l'eau froide chantait "reviens", encore et encore. Les vagues auront bercé notre nuit depuis un balcon sur l'horizon. Presque tous les bons restaurants d'Étretat ferment le mardi et le mercredi. Nous voilà bien ! La Salamandre saura nous sauver...

mardi 17 mars 2009

Anticipation


J'anticipe de quelques heures, prenant le risque d'une panne, d'un météorite, d'une rencontre fortuite ou d'une reconduite à la frontière. Prenez-le comme un vœu. I know where I'm going! Il est des impatiences qui précipitent les évènements comme des rêves prémonitoires forcent le destin. Le journal lumineux d'Antoine, Time Slip (désormais accessible en français), tel le film de René Clair, C'est arrivé demain, me donne le vertige. Si j'arrive mieux à coincer le présent dans sa fugacité, je continue de préférer l'immensité du passé et plus encore l'avenir, aux infinis possibles, son architecture rêvant sa fondation. Les vecteurs ont pour moi plus d'attrait que les lignes. Certains partagent mes interrogations. Pour d'autres, nous y sommes déjà. Le temps de vivre et le temps de lire. Besoin vital de humer le parfum des embruns, d'entendre les galets rouler sous mes pas, de m'enivrer du vent du haut de la falaise... L'aiguille creuse fut d'abord publiée en feuilleton dans le journal Je sais tout. Mais nous faisons seulement semblant, nous espérons. Sinon nous ne partirions jamais.