Pablo, fouteur de merde notoire et esprit des plus aiguisés, suggère d'inaugurer, dans le Journal des Allumés du Jazz, une rubrique sur les sujets qui fâchent, en demandant des avis forcément divergents.
Rédiger un blog est une bonne gymnastique en la matière. J'ai plusieurs fois mérité les remontrances de proches pour ne pas les avoir avertis avant d'avoir divulgué leurs "intimités" ici même. Les sujets épineux génèrent également un important courrier, beaucoup plus dense que les commentaires enregistrables en bas des billets. Si elle consistait à écrire uniquement du contenu consensuel, cette prose serait d'un profond ennui. L'honnêteté peut parfois pousser jusqu'à une trahison nécessaire. S'il y a des sujets qui fâchent, il en existe qui vous rendent irrémédiablement tristes ou vous mettent en colère. Libre à chacune ou chacun de prendre la balle au bond et d'y répondre, avec la même passion. La polémique, si elle oppose des arguments sincères et pousse à la réflexion, est inévitable, mieux, souhaitable.
Pablo Cueco est un des meilleurs percussionnistes que je connaisse. Il joue essentiellement du zarb, instrument à peau iranien, dont il tire une palette de timbres à couper le souffle, ce qui n'enlève rien à ses prouesses de rythmicien ni à mes qualités de flûtiste. Ses talents de compositeur enrichissent encore sa pratique quotidienne, je ne parle pas seulement du bistro en bas de chez lui, quartier général d'un grand amateur, et pas uniquement de maté ! J'accumule les restrictions qui sont légion chez ce polémiste dont l'esprit de contradiction n'a d'égal que son sens de la formule lapidaire et un humour décapant. Pablo dirige aussi le label Transes Européennes et joue régulièrement au sein du trio du clarinettiste basse Denis Colin (billet du 22 avril 2006) avec le violoncelliste Didier Petit. On lui doit le mémorable Bal de la contemporaine, et, plus récemment avec Pierre Etienne Heymann, L'intégrale de Gargantua de François Rabelais en huit CD. J'ai eu la chance de le côtoyer sur scène dans un contexte électro où nous étions l'un et l'autre aussi décalés, ce qui eut le mérite de nous rapprocher. Il participa également, comme tant d'autres, à l'expérience d'Urgent Meeting d'Un Drame Musical Instantané (cd GRRR 2018).
Encore en vacances, je n'ai pas accès à toute ma photothèque, mais j'ai trouvé un plan de Pablo (c'est le barbu avec les bras croisés et l'air narquois) que j'ai saisi avec mon téléphone Bluetooth pendant le dernier conseil d'administration des Allumés, dans les caves voûtées d'un Ministère déchu que la droite aimerait bien réunir avec celui de l'Éducation nationale, histoire de s'en débarasser ! À sa gauche, ce qui est encore paradoxal, on aperçoit les producteurs Nicolas Netter (Chief Inspector), Thierry Mathias (la nuit transfigurée) et Jacques Oger (Potlatch).