Nouvelle arrivée du train en gare de La Ciotat. Il faut chaque fois se coltiner les marches pour descendre sous la voie et remonter sur le quai d'en face où nous attend Rosette. La caisse du chat me scie l'épaule et la valise est lourde des courses réalisées hier à Belleville. J'apporte à Jean-Claude huile de sésame, sauce d'huître, sauce pimentée, basilic chinois, coriandre, kimchi, pâte d'olive, wasabi, piment en poudre au sésame, bœuf séché, nems (couenne de porc fermentée), œufs de cent ans, saucisses à la citronnelle, échalotes confites...
En quinze jours, le jardin a changé de frimousse. J'en fais le tour avec Jean-Claude qui a épluché des noisettes fraîches pour un avant-goût de ce qui nous attend ces jours-ci ! Les petites figues vertes qu'on appelle des marseillaises commencent à être mûres, on les cueille lorsqu'elles commencent à jaunir et qu'elles pendent. Elles sont si parfumées que les grosses grises ou violettes en pâlissent. En piquant dedans une amande fraîche, on concocte un fruit déguisé, incroyable mais frais ! Tout aussi sucrés, les raisins noirs éclatent entre la langue et le palais. Je grimpe dans un arbre pour cueillir les dernières prunes noires, je me baisse pour ramasser les azéroles, comme de petites pommes de la taille d'une cerise. Ce festival de saveurs ravive la mémoire. Les tomates regorgent de soleil. Il reste de petites aubergines qui se tordent comme de grosses virgules. Météorites encore brûlantes, les potimarrons égaient la terre de leur boursouflure orange. La brume annonce de belles journées ensoleillées.