Il ne manquait que ça. Le billet que je viens de rédiger s'est volatilisé sans que je sache pourquoi. Je n'étais déjà pas très beau à voir, mais là, c'est le bouquet ! La perte de mémoire devient contagieuse. Comment réécrire un texte dont la précision commençait à me remonter le moral ? Depuis quelque temps je ne dors plus beaucoup. Lorsque je n'ai pas de boulot je bosse trois fois plus que d'habitude parce que je veux être certain d'avoir tout entrepris pour retrouver l'équilibre. Lorsque le travail revient, c'est en général tout d'un coup, au même moment, je bosse alors trois fois plus que d'habitude pour assurer correctement dans les délais. Je me demande où va se nicher l'habitude, ce trois fois moins qu'on aurait tort d'assimiler trop vite à du repos. Peut-être la période qui suit celle d'activité intense et rémunérée me permet-elle de trouver une allure de croisière, et encore, à condition d'entrevoir des projets aux échéances certaines... C'est faisable si les proches sont synchrones et ne sollicitent pas, même involontairement, une solidarité naturelle qui ne demande qu'à s'exprimer librement. With a little help from my friends. Nous sommes fragiles. Parfois un geste, un petit mot, un sourire, un baiser nous fait sortir du noir que l'on broie à force de ne plus voir d'autre lumière que l'intérieure, une lampe de Wood qui montre les fluorescences de l'âme, mais ne risque pas de nous redonner des couleurs. Quant au repos, il faudra attendre des jours meilleurs où gésir à son aise, comme s'il existait une retraite autre que l'absence. On pourra toujours faire l'éloge de la fuite, il n'y a que la mort qui apporte le repos, pour les couleurs on ferait encore tintin. Alors on marche, une (belle) jambe après l'autre, en attendant que le soleil nous réchauffe le cœur. Coup de fil ventilateur. On saisit les mains qui se présentent, les corps que l'on étreint, les paroles que l'on boit, une voix. Je sauve.