Après la revue Sextant qui me consacre 34 pages dans son numéro 3, c'est au tour de Jazzosphère, dans son numéro 32 intitulé "Musique et littérature", de publier 5 pages d'entretien sur ma collaboration avec Michel Houellebecq, agrémentées de nombreuses photographies. Après une première revue de presse il y a quelques jours, voici un petit article paru dans ce même Jazzosphère, augmenté de deux chroniques du Net.

Établissement d'un ciel d'alternance,
Jean-Jacques Birgé/Michel Houellebecq
Texte et musique. Cette savante alchimie qui lie un auteur et un musicien ne révèle que très rarement son essence. Le musicien écoute l'auteur lire et exprimer son texte, lui donner une signification qu'il n'avait peut-être pas ressentie comme telle mais qui, dans ce lieu, avec ce public et à ce moment-là prend toute sa force.
Les rencontres mêlant la musique à d'autres formes artistiques sont toujours fragiles. Fragiles car la musique est avant tout vecteur d'émotion. Son rôle dans les œuvres cinématographiques n'est plus à montrer. Une scène prendra ainsi une couleur différente selon le son qu'on lui prête.
Cette relation intime se retrouve entre la musique et le texte. Quelle gageure de porter musicalement un texte sans se limiter à de simples illustrations des mots écrits par l'auteur. Quelle gageure pour un auteur de se prêter à l'exercice impudique de livrer au public son texte et de lier son entreprise à celle d'un musicien.
Jean-Jacques Birgé et Michel Houellebecq s'engagent, au travers d'Établissement d'un ciel d'alternance, dans cette voie périlleuse. Le musicien retient son souffle, se met au service d'un texte ; l'auteur partage ses mots, les délivre au goutte à goutte comme pour savourer encore plus ce moment magique. Publiée plus de dix ans après son enregistrement, cette œuvre suscite une émotion spéciale et conserve intacte sa force d'expressivité.
Sabine Moig (Jazzosphère n°32, juillet 2007)

Pour ceux que la Présence humaine houellebecquo-burgalesque avait laissés sur leur fin, se précipiter dans l'univers sonore "dynamiquement léthargique" de Jean-Jacques Birgé accompagnant notre slameur mou lors d'une performance à la Fondation Cartier (novembre 1996) que les disques GRRR nous restituent en une version studio sans perruches, sous le titre évocateur : Etablissement d'un ciel d'alternance. Hormis les retrouvailles avec la poésie délicieusement spleenétique de l'auteur, c'est une belle occasion de découvrir le travail d'orfèvre d'un musicien contemporain on ne peut plus farouche - le résultat (notamment la plage III extraite de La Poursuite du bonheur) est bouleversant et lyrique en diable.
Marc Bruimaud

Disque ami : Jean-Jacques Birgé nous fait prendre une cuite…
Mais une cuite de Jupiter ! Le voilà qui s’est mis en tête (et en corps) de nous faire aimer Michel Houellebecq par son nouveau disque : Etablissement d’un ciel d’alternance co-signé avec l’écrivain. Et par un tour de passe-passe olympien, il y parvient. La diction de Houellebecq est seyante et intime. Elle est portée en confiance par la musique chaleureusement incisive (l'écrivain offre ici son meilleur, ses livres nous indiffèrent). Les photographies et le livret sont de beaux compléments d’objets directs. Un coup réussi du type de l’illustration du Voyage au bout de la nuit par Tardi (si vous voyez ce qu’on veut dire).
Et en conclusion surprise, et pas des moindres, une pièce intitulée "Tchernobyl" co-signée et co-réalisée avec Bernard Vitet qui pourrait être la bande musicale de l’excellent album de Chantal Montellier : Tchernobyl (éditions Actes Sud).
Jean Rochard