70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 20 juillet 2007

Pétition de soutien à La Rumeur


Nous artistes, intellectuels, et citoyens, nous déclarons solidaires du groupe de rap La Rumeur, poursuivi avec acharnement et malgré deux relaxes, depuis cinq ans par le ministère de l’intérieur pour avoir publié un texte mettant en cause les violences policières depuis plusieurs décennies en France. Nous le faisons au nom du principe fondamental de la liberté d’expression. Mais aussi parce que nous estimons qu’il est urgent que s’ouvre enfin un débat sans tabou sur les pages sombres de l’histoire de la police française. La justice doit reconnaître qu’il n’est pas diffamatoire de revenir sur les massacres d’octobre 1961, de Charonne, ou les bavures commises depuis les années 80.

Signez la pétition sur le site de La Rumeur.

Premiers signataires : Noir Désir (Serge Teyssot-Gay, Denis Barthe, Bertrand Cantat, Kristina Rady, Milo Cantat), Mouss et Hakim (Zebda), Kader Aoun, Jacky Berroyer, Benjamin Biolay, Cali, Maurice Rajsfus (historien), Esther Benbassa (directrice d'études à EPHE-Sorbonne), Denis Robert (écrivain), Olivier Cachin (journaliste), Christophe Honoré (réalisateur), Raphaël Frydman (réalisateur), Erik Blondin (gardien de la paix), Geneviève Sellier (universitaire)...

Le groupe de rap La Rumeur déplore que la vindicte se poursuive cinq ans après la plainte déposée par Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur. Compte tenu de son précieux attachement à la liberté d’expression (« Je préfère un excès de caricature à un excès de censure »), l’actuel président de la République aurait pu demander l’arrêt des poursuites contre le texte de Hamé.
Le tribunal correctionnel de Paris avait pourtant considéré en première instance que Hamé se bornait à présenter « des bavures commises par les représentants de l’ordre (…), dont la réalité n’est, en elle-même, pas contestable, puisque souvent à l’origine de rapports et de commissions officielles, comme plus fréquents dans les quartiers et cités de banlieue » et qu’une telle opinion relevait de la liberté d’expression.
La Rumeur ne renie rien, ni l’insécurité dont ont été victimes des générations d’immigrés, ni les discriminations et bavures dont ils font encore l’objet.
La Rumeur entend faire du procès devant la Cour d’appel de Versailles des états généraux d’une histoire trop souvent rejetée dans le silence. La justice reconnaîtra-t-elle les pages sombres de la police française ? Ou considèrera-t-elle diffamatoire d’évoquer les massacres d’octobre 1961 et Charonne, ou les violences mortelles commises depuis les années 80 ?
Dominique Tricaud (avocat à la Cour) - Hamé

Retrouver la raison


Je ne sais plus comment écrire sur la musique, comment faire partager mes coups de cœur, comment transmettre ce qui m'a été légué, comment me distinguer du vacarme ambiant. Aurais-je perdu le rythme des mots, à parler sur au lieu de versifier sûr ? Dois-je chanter les louanges pour qu'elles soient entendues ? La culture est-elle devenue une simple marchandise qu'on la relooke aux couleurs de la mode, faux-semblant faisant croire aux artistes en herbe qu'ils inventent lorsqu'ils ne font que répéter sans le savoir ce qui les constitue ? Les idées se rencontrent, mais que reste-t-il du style ? Je m'y perds, parce que je n'ai jamais voulu pondre un morceau de plus, ajouter mes sornettes au concert de klaxons, urinant dans cet océan d'informations dans lequel nous nous noyons tous. Je tape trop souvent plus de lignes que je ne frappe de touches, comme la justification d'une vie passée à produire, comme si c'était fini, comme si j'avais tout dit et qu'il fallait encore enfoncer le clou. À viser l'efficace, on se dilue. Retrouver la simplicité du cœur, participer à la chorale, la vacance est là pour remettre le compteur à zéro.

La raison, déjà un mauvais terme, est qu'à mon retour je devrai me remettre à jouer. D'abord de la musique avec Franck Vigroux. Avantage, je n'ai aucune idée, donc pas de préjugé, comme une nouvelle virginité dans un corps marqué par les années. On peut les compter comme les écailles de la tortue. Ne croyez pas qu'avec le temps il soit plus facile d'écrire. C'est le contraire. Peur de radoter. Sensation de déjà vu. Y aller alors, au lieu de râler, sans souci, tel ce bateau en papier flottant dans le caniveau rue de la Convention lorsque j'avais l'âge de raison, avant l'orage des saisons. Mais avec quel accompagnement ? Je n'ai jamais su ni plier ni rouler le papier. Chacun de mes mouvements est lié aux désirs de mes alter ego.
Je dois aussi rédiger plusieurs articles. Pour le prochain Muziq, Goaty me demande d'écrire chaque fois 1500 signes sur trois disques que j'ai usés jusqu'à la corde. Pour me pendre ? Trois filles, non des moindres. En ai-je connu d'autres ? Bien sûr. J'ai failli me la passer autour du cou tant elles étaient fatales. J'ai grandi et m'en voilà fort marri ! Les idées ne manquent pas, je m'y mettrai lorsque j'aurai trouvé le style. Idem pour les Allumés, je dois absolument sortir du cadre thématique que je m'étais imposé pour ma chronique dvd "Sur l'écran noir de vos nuits blanches". Laisser aller la plume en considérant les galettes comme les contrechamps de mes élucubrations. Retrouver la liberté. Le ton. Une illusion. Je m'entraînais devant la glace. C'est du travail. Beaucoup de travail.