Dans sa chronique sur Nabaz'mob dans Le Monde du 20 septembre dernier, Francis Marmande faisait référence à un autre opéra, Welcome to the Voice, de Steve Nieve et Muriel Teodori.
C'est une histoire d'amour entre un compositeur-pianiste anglais et une psychanalyste-réalisatrice française. Ensemble ils écrivent un drôle d'histoire qui rappelle autant Diva de Beinex que Une chambre en ville de Demy, et la musique suit les chemins de traverses ouverts par Escalator Over The Hill et No answer.
C'est une histoire d'amour entre un rocker fan de Berio et une collectionneuse de Michael Mantler, Carla Bley, Robert Wyatt autant que de Kathleen Ferrier, Maria Callas et de West Side Story. J'ai toujours adoré ce genre de truc hybride comme L'hallali du Drame, cette fois un projet improbable qui finit tout de même par exister parce que de doux dingues comme Sting, Wyatt ou Elvis Costello lui prêtent leurs voix. La cantatrice Barbara Booney n'est pas en reste, suivie de Sara Fulgoni, Nathalie Manfrino et Amanda Roocroft.
C'est une histoire d'amour entre un ouvrier sidérurgiste et une chanteuse d'opéra. Il y a des effluves de Michel Colombier qui planent dans cette œuvre qui mêle l'écriture classique pour le Quatuor Brodsky, entendu avec Björk, et les improvisations jazz de Ned Rothenberg, Sting, Marc Ribot et Nieve.
C'est une histoire d'amour improbable, et pourtant ! Qui n'essaye rien n'a rien. Nieve et Teodori ont pris tous les risques, Welcome to the Voice est une œuvre magique qui convoque les fantômes de Carmen, Butterfly et Norma sur un livret résolument moderne et politique où apparaissent tous ceux qu'ils aiment de Godard à Mozart, de Gramsci à Verdi, de Rosa Lux à Chosta, de Maïakovski à Stravinsky... Comme me le susurrait Jean-Pierre Léaud, un doigt sur la bouche, un soir boulevard Montparnasse : "Et puis, il y a les voix..."
Booney, Sting, Wyatt, Costello, The London Voices et Le Chœur des Amis Français réunis dans un même ouvrage, un véritable opéra, haletant, palpitant, téméraire, improbable, inespéré !