Après un peu de marche à pieds, nous avons réussi à attraper le Thalys malgré la grève. Certainement influencé par les prouesses masochistes de Bruce Willis, un abruti qui avait choisi de voyager en équilibre entre deux wagons du métro empêchait la rame de partir.
J'avais préparé des cataplasmes, sandwiches au jambon où l'on remplace le beurre par des rillettes, mais le personnel ferroviaire n'a pas arrêté de nous nourrir à la même fréquence qu'en avion. Cela ne nous a tout de même pas coupé l'appétit pour aller dîner au Tempo Doeloe, considéré comme le meilleur indonésien d'Amsterdam : un feu d'artifices de saveurs, 25 plats du plus doux au plus épicé, lente montée vers l'enfer (le 25ème de cette Rijsttafel Istemewa fut fatal, même pour un fanatique du piment comme moi) ! Nous étions allés digérer la ribambelle de repas de midi au Rijksmuseum. La lumière des Rembrandt est toujours aussi épatante et les trois Vermeer restent mes préférés de tout le musée. Je n'étais pas retourné à Amsterdam depuis une quinzaine d'années. Françoise retrouve l'original de l'énorme tableau qui est accroché le long du lit de la chambre bleue à La Ciotat, un portrait de vieille femme priant de Nicolaes Maes qu'elle attribuait erronément à Frans Hals. Tournant le dos au cheval cabré de Constable, je me retrouve en face du cygne en colère de Jan Asselijn dont j'ai souvent envoyé la reproduction en carte postale.


Les rues sont calmes, envahies de vélos, nous marchons le long des canaux. Nous avons profité de l'après-midi pour goûter un délicieux space-cake au chocolat dans un coffee-shop psychédélique. L'âge des clients était étonnament étendu : petites jeunes filles, mamies, rastas trentenaires... Léger, aérien...
Mardi dernier, curieux de toutes les musiques, Robert Wyatt demande à ce que l'on n'éteigne surtout pas nos téléphones portables pendant sa conférence de presse. Cela tombe à pic : jusqu'au 3 février 2008, le projet sonicobject, label de sonneries contemporaines monté par Antoine Schmitt et Adrian Johnson, est exposé au festival video vortex, Nederlands Instituut voor Mediakunst. Nous sommes 18 compositeurs et compositrices à avoir participé à cette formidable expérience et le hasard veut que j'arrive à Amsterdam le jour du vernissage.
C'est notre fête. Après Nantes et Amiens, Nabaz'mob, l'opéra pour 100 lapins communicants, écrit avec Antoine, finit sa tournée de rentrée par trois représentations ce soir au Centre De Balie lors du symposium sur les impacts sociaux des RFID, Recalling RFID. Pour l'occasion, nous avons écourté légèrement le premier mouvement en réduisant les pauses entre les phrases et rajouté un intermède rythmique avant le second. J'ai hâte d'entendre le chœur anarchique des bestioles interpréter la nouvelle version.
Le matin, la lumière sur le Vondelpark est simplement hollandaise.