Je remontais de la librairie du Monte-en-l'air avec trois bédés dans ma gibecière lorsque j'ai trouvé un message d'un de mes anciens étudiants des Arts Décos de Strasbourg dans ma boîte FaceBook. Ouh la la, rien qu'avec cette première phrase je pourrais embrayer sur une demi-douzaine d'articles. Procédons donc par l'ordre d'apparition de ses termes, sans développer pour autant.
1.
Je remontais de la Place de la République où j'étais allé me faire faire de nouvelles lunettes pour ma presbytie galopante. J'en choisis de légères qui ne se voient pas de face, mais apportent une touche de couleur de profil. Comme j'en ai déjà des oranges et des rouges, j'ai pris une paire de violettes à branches jaunes. Le choix de la monture dépend de mon habillement. Si l'on est coquet, il faut savoir soigner les détails, chaussettes, ceinture, mouchoir, etc.
2.
de la librairie du Monte en L'air qui, en juin, avait reçu une visite de la police (sur “signalisation” selon eux) qui venait constater la présence dans sa vitrine d’une affichette annonçant la première réunion du comité de soutien à Lamine Dieng, “mort dans un fourgon de police”, ainsi que d’une affichette “maison” proclamant “Ici on meurt dans des fourgons de police”. Les policiers ont prétexté qu’il était interdit d’afficher de telles choses qui “portaient atteinte à la police”, ont pris des photos et sont repartis avec l’affichette “maison” (j’ai refusé de retirer l’autre, précise Guillaume). Ils m’ont convoqué au commissariat pour une “audition”. J’ai décidé de ne pas m’y rendre pour ne pas prêter le flan à ce qui ressemble fort à une tentative d’intimidation. J’ai affiché ensuite dans ma vitrine la convocation ainsi que le texte suivant : “Ici on convoque le libraire au commissariat de police pour avoir manifesté son soutien au moyen d’une affichette à la famille de Lamine Dieng, mort dans un fourgon de police”.
3.
avec trois bédés : le huitième volume de l'anthologie de Robert Crumb, une nouveauté signée Ulrich Scheel intitulée Les six coups de Philadelphia et le magnifique ACME, quatrième livre de Chris Ware. Comme je n'ai encore lu ni les uns ni les autres, il faudra probablement que j'y revienne, comme sur de nombreuses bandes dessinées conseillées par Guillaume, de Blutch à Johann Sfar en passant par Charles Burnes, Daniel Clowes, Guy Delisle, Dominique Gobbet, Florent Ruppert et Jérôme Mulot. J'ai déjà parlé ici de ceux qui m'ont le plus marqué, les rééditions et nouveautés de Francis Masse, Persepolis par Marjane Satrapi, Kafka par Crumb, Fraise et chocolat d'Aurélia Aurita... Il me semble qu'ACME, dans sa longue robe rouge, noir et or, mériterait que l'on s'y attarde tant l'objet est incroyablement touffu, totalement incongru et aussi imparable que le fut Jimmy Corrigan. Un cadeau pour Noël à tout amateur de BD extra-ordinaire.
4.
lorsque j'ai trouvé un message d'un de mes anciens étudiants : c'est agréable de recevoir de leurs nouvelles et de savoir ce qu'ils deviennent. Thomas Deyriès, dont je reproduis ici une planche extraite de son projet de diplôme, présente un superbe travail avec petit carnet à feuilleter, films d'animation, textes, etc. Il y conjure sa peur de la mort, bon début !
5.
aux Arts Décos de Strasbourg, la section Didactique Visuelle dirigée par Olivier Poncer est un de mes endroits d'intervention préférés. Les élèves sont hyper-motivés, inventifs, créatifs. Que demander de mieux ? Qu'ils trouvent un travail à la hauteur de leur talent lorsqu'ils sortent de l'école ! J'essaie de comprendre comment ils fonctionnent entre eux, ils me donnent des tuyaux sur ce qu'ils aiment, je les écoute...
6.
dans ma boîte FaceBook. Ce site de contacts m'aura permis de retrouver des amis et relations de travail perdus de vue depuis longtemps. C'est un gouffre qui peut vous avaler toutes vos journées si l'on n'y prend garde. Je préfère LinkedIn, plus professionnel, et MySpace, plus catégoriel (les musiciens, en ce qui me concerne). Mon inscription ici et là est d'abord expérimentale. Je commence toujours par jouer le jeu pour comprendre comment cela fonctionne et me faire ma petite idée avant de dégoiser sur le sujet. Ça viendra. J'ai tout de même été happé par le blog !