Je suis planté derrière ma fenêtre au lieu d'aller me coucher. Pourquoi la neige exerce-t-elle cette fascination ? Avant que le duvet habille les arbres, avant qu'un manteau blanc recouvre les trottoirs et la chaussée, la chute des cristaux cotonneux poussés par le vent ressemble à une danse de particules folles qui ne savent pas où s'envoler, mais que le hasard pousse dans tous les sens, chaque flocon semblant posséder son propre discernement telles les créatures comportementales qu'Antoine programme sur sa machine. Longue phrase qui n'en finit pas de tomber. Sans un bruit. Le silence. Si léger. S'élance. Craignons-nous son éphémérité lorsque la température extérieure ne lui offre d'autre alternative que son évaporation, aussi rapide que son apparition ? Ou l'effet mérité du rêve incapable de se reproduire tous les ans avec assurance ! Il faut savoir attendre. Des mois de patience. Il suffirait de retourner la ville. Upside down. Les pieds en l'air, la tête en bas. La secouer. Retomber en enfance. Ce n'est pas Noël pour autant. Les gens ont faim, ils ont froid, les perspectives sont noires. Il n'y a que la page qui soit blanche. On recommencera à y écrire ses rêves. Ses révoltes. Ses espérances.