Coraline est le nouveau film d'animation de Henry Selick qui fera frissonner les enfants qui n'ont pas froid aux yeux et les adultes qui ont gardé leur fascination pour les cauchemars surréalistes. Tiré d'un conte noir de l'écrivain anglais Neil Gaiman, publié en 2002 et traduit par Hélène Collon (oui, c'est bien notre amie de Citizen Jazz !), souvent comparé à Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll pour sa réalité-alternative, il a été réalisé en "stop-motion" par celui qui dirigea L'Étrange Noël de Monsieur Jack dont Tim Burton n'était que l'auteur et le producteur.
La cible adulte explique probablement son absence de morale chère à Disney ou Pixar, ou, s'il faut en trouver une, elle serait bizarrement réduite à faire confiance à ses parents plutôt que de se laisser appâter par les offres alléchantes d'étrangers très gentils. Coraline est surtout un feu d'artifice d'effets graphiques ou magiques et une histoire macabre entretenant une forte tension tout le long du film. Le scénario manque parfois de profondeur, les clins d'œil relevant plus d'un système de références propres à son créateur qu'à un approfondissement psychologique des personnages même si le double monde dans lequel nous évoluons, nos songes et notre quotidien s'influençant mutuellement et parfois dangereusement, nous renverse et nous trouble. Autre réserve, malgré la présence brillante de solistes telle la harpiste Hélène Beschand, la partition de Bruno Coulais n'est pas à la hauteur d'un Danny Elfman. C'est étonnant comme les films se figent dans un genre dès lors que le succès pointe son nez. Pourquoi, par exemple, imiter platement les musiques des films précédents plutôt que faire preuve d'invention ?
Il n'empêche que Coraline est une féérie qu'à découvrir en salle on préfèrera voir en 3D (sortie le 10 juin), en attendant que des films comme Mr Jack soient vendus en DVD avec les lunettes polarisantes appropriées.

P.S. : grosse déception à la sortie du DVD vendu avec 4 paires de lunettes 3D sur le principe d'un verre rouge et l'autre vert, aucune maélioration depuis les années 60, les couleurs tournent fadasses, le relief n'apporte rien à la magie cinématographique, heureusement la version "normale" est aussi dans le boîtier...