C'est parti pour cinq mois. L'exposition Musique en Jouets au Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli à Paris, est inaugurée aujourd'hui pour ouvrir demain. Notre opéra Nabaz'mob y est exposé aux côtés des instruments de Pascal Comelade, des synthétiseurs d'Eric Schneider et des machines mécaniques de Pierre Bastien. Seuls Pierre et nous faisons du bruit. Certains me reprennent en disant que c'est de la musique, mais pour moi, depuis Varèse, toute organisation de bruits est musique. Autour de ces quatre grandes vitrines sont disposés les objets du Musée, hochets princiers, toupies, moulins à musique, culbutos sonores, livres-disques, etc. On peut d'ailleurs écouter une grande partie de ces jouets musicaux sur une borne interactive et sur le site de la galerie des jouets. Excellente idée qui tranche avec la plupart des musées de la musique où les instruments restent tragiquement muets faute de pouvoir y toucher ! J'ai prêté une demi-douzaine de 45 tours 17cm, chansons pour enfants qui ont bercé mes jeunes années, et le 33 tours 25cm de Pierre et le loup... Sur un cartel on peut lire aussi : Pâte à prout, banane harmonica, ballon couineur : collection Jean-Jacques Birgé. J'en suis très fier, pensez, ma propre pâte à prout, achetée à Londres chez Hamleys, est sous vitrine au Palais du Louvre !
Partageant l'exposition en deux, une troisième salle abrite des ordinateurs sur lesquels sont montrés des films et des jeux de tous les cinq. Antoine y propose ses Nanoensembles, machines hypnotiques techno-minimalistes. Tout près, on peut jouer avec le CD-Rom Alphabet ou la Pâte à Son dont la conception musicale est de mon fait, ou avec l'Electric Toy Museum pour lequel Univers-Sons a repris la collection de Schneider. Tout ce monde de rêve qui nous fait régresser joyeusement jouxte une salle inattendue où sont accrochées des toiles que Dubuffet a léguées au musée privé.


La vitre renvoyant des éclats de lumière malgré l'obscurité de notre théâtre noir m'empêche de photographier aisément les lapins. Je rentre dans la cage pour les prendre de profil. Chaque disposition est différente en fonction des lieux. Chaque représentation aussi. On en jugera d'autant plus facilement que l'opéra de 23 minutes se joue ici en boucle. Antoine a tout automatisé, horaires du musée en fonction des jours d'ouverture. À raison de 47 heures par semaine, c'est près de 2000 fois que les Nabaztag referont leur numéro de lapins savants jusqu'au 8 novembre !
Je me débrouille mal avec mon nouvel appareil, je reprends mon vieux Nikon pour capter la pause des rongeurs, mais leurs profils ne produisent pas les mêmes couleurs que d'habitude. On dirait de la porcelaine. J'ai oublié que c'était le nouveau clapier dont la matière plastique est brillante. Je n'ai que quatre fois deux secondes pour réussir l'effet que je cherche à produire. Si je bouge, je dois attendre le nouveau cycle. La musique m'envahit. Quelques nouvelles images viennent s'ajouter à la galerie du site Nabaz'mob. C'est pratique. Tout y est. Film, photos, émissions de télé et radio, presse écrite ou en ligne, fiche technique...
Antoine et moi avons décidé de passer à autre chose. L'opéra va voyager et nous planchons déjà sur une suite à Machiavel et Nabaz'mob, radicalement différente même si elle en est la continuité logique. Comme ceux qui nous connaissent auraient pu s'en douter, nous avons choisi de ne pas réaliser d'autres œuvres avec les lapins, bien que nous ayons exploité dans ce cadre qu'une toute petite partie des possibilités de Nabaztag. Savoir nos lapins trépigner aux Arts Décos pendant que nous imaginons quelque chose d'encore plus délirant m'excite au plus haut point...