Je ne sens plus mon pied gauche et je prends le droit. Tout s'arrange toujours avec un peu de patience, mais je m'inquiète facilement ! Le colis UPS est finalement arrivé à bon port après cinq jours de galère à ramer contre vents et marées. Vingt coups de fil, une affaire de sous-traitants, cela n'empêche qu'UPS prend l'eau et que je ne leur confierai jamais rien de mon côté. DHL et Fedex s'en frottent les nageoires... Au rayon de la mauvaise foi, la comptabilité aurait finalement envoyé le chèque. Je scrute l'horizon postal armé de ma paire de clefs... Les durées élastiques qu'implique une équipe de graphistes et développeurs me font reprendre la musique déjà enregistrée pour la troisième fois, mais je trouve de nouvelles idées dont je ne suis pas peu fier et qui, j'espère, emporteront tous les suffrages. Je trouve des solutions, l'une après l'autre, mais elles se tuilent comme un toit d'ardoises à m'en rendre cacahuète... Machiavel mis en ligne hier fait déjà des heureux... J'ai commencé à numériser mes radiophonies des années 70 pour recyclage en mashup plunderphonics... Je vais enfin pouvoir penser à la musique pour l'impossible objet en 3D de Sun Sun Yip avec le frein, contrebasse électrique à tension variable, que Bernard a construit il y a près de quarante ans. Pour cette pièce de 17 minutes toute en harmoniques et rémanences électroniques, je lui fais traverser l'Eventide H3000 avec un effet que j'ai programmé... Il ne faut pas crier trop vite victoire, j'ai accepté de faire une pub pour une bouchée de pain, histoire de faire plaisir, et j'en suis déjà à la troisième version. Les clients ne savent pas ce qu'ils veulent et ils fantasment, on peut refaire cinquante versions différentes sans ne jamais les satisfaire, ce qui explique pourquoi les tarifs sont élevés. Le problème, c'est qu'au bout du compte on ne sait plus pourquoi on est là, et le résultat sombre dans le n'importe quoi. Étienne Auger me répétait récemment : "On commence par donner le meilleur de soi-même et l'on finit par obtenir le pire des autres !". Mais une solution se profile, à condition que j'y passe tout le week-end évidemment...
Pour me remonter le moral et signe que ma santé s'améliore, je me délecte de crabe cru en saumure et d'abats laqués accompagnés de riz blanc dont je rappelle la recette : 1/3 de riz thaï long parfumé, 1/3 de riz rond japonais, 1/3 de riz gluant, de l'eau à peine une phalange au-dessus, à ébullition baisser le feu et couvrir dix minutes, hors feu remuer et attendre un peu avant de servir. Simple comme bonjour ! Pour le reste je passe aux Quatre Saisons 12 rue de Belleville, un magasin tout en longueur avec dans le fond un poissonnier, des légumes bizarres et tout ce qui est nécessaire au dépaysement. J'en avais besoin.