Merci à toutes celles et tous ceux qui sont venus nous écouter. Votre chaleur fut communicative. Jouer sans filet produit le lendemain un vertige confondant l'apesanteur et la chute en posant mille questions. Nous savons ce que nous avons commis, mais seuls les films tournés hier soir ou l'enregistrement réalisé par l'équipe du Triton pourront me permettre d'imaginer ce qui fut entendu. Vincent dit qu'il voulait être concentré comme si la musique était écrite. Il proposa une forme sonate (allegro, presto, adagio, finale) en demandant à ce que le public n'applaudisse pas entre les mouvements. Dégagés des contraintes de la composition dont l'instrumentation structurait l'heure exacte que nous avions pressentie, les rappels eurent la légèreté de la détente, le sourire nous dictant ces miniatures complices.
Jusque tard dans la nuit nombreux amis participèrent à un after d'une grande délicatesse où ma fille Elsa chanta en grec, en russe et en italien avec Vincent Segal au violoncelle, Lucien Alfonso au violon, Pascale Labbé à la guitare, Antonin-Tri Hoang au xaphoon, myself à la guimbarde. La soirée s'acheva librement dans un délire vocal de Pascale rejointe par mes facéties électroniques portables et les infatigables archetiers.
La maison résonne maintenant d'un silence que je ne peux apprécier qu'après avoir rangé mes instruments. Le concert ne se termine qu'avec cette remise à zéro quasi maniaque, me permettant de tourner la page en y apportant toujours un paquet de ratures, mise au poing musclée justifiant qu'on se frotte à l'avenir.
Mais déjà le passé nous rattrape. Peter Gabor, aussi rapide que l'éclair, met en ligne un montage d'extraits du concert sur Vimeo dans un beau noir et blanc qui colle bien avec la musique (enregistrement audio), plus une série de photographies où l'on retrouve son goût pour les fondus, le tout rassemblé sur son blog.