Théâtre de la Gaîté Montparnasse 1975. J'avais réussi à décrocher huit dimanches soir de suite, jours de relâche, du 9 novembre au 28 décembre, pour lancer notre trio tout neuf avec Shiroc. Il n'y avait pas beaucoup de monde, mais sur mon Journal quotidien, déjà tenu scrupuleusement, j'ai noté le nom des amis qui sont venus nous écouter. J'y rencontrai Marianne. Thierry Dehesdin en profitait pour faire des photos. Juste après, Francis Gorgé et moi inviterons le percussionniste sur notre premier disque, Défense de, signé Birgé Gorgé Shiroc. Il a bien accroché. Bel article dans Rock & Folk. Les ventes mirobolantes n'avaient rien à voir alors avec le gâchis actuel causé par les majors qui essaient de faire porter le chapeau aux pirates alors que ce sont elles qui ont tout manigancé pour se débarrasser du problème des stocks. J'ai raconté ici comment cet album fut par la suite propulsé disque-culte, jusqu'à être réédité par le label israélien MIO. Les vinyles épuisés depuis belle lurette s'achètent à prix d'or et il ne nous reste qu'une poignée de CD. À l'époque, comme Meidad Zaharia m'avait demandé d'ajouter des bonus tracks du même groupe j'avais retrouvé plus de six heures d'inédits qui furent gravés sur le DVD vendu avec et où figure également mon premier film, La nuit du phoque. Je lui avais remis toutes les photos en ma possession, des noir et blanc. En fouillant récemment mes archives je suis tombé sur une quarantaine de diapos en couleurs réalisées également par Thierry et oubliées.


Francis était le guitariste du groupe. Il jouait aussi de la basse. Nous improvisions à 100% en structurant la soirée selon les patches que je préparais pour mon synthétiseur qui n'avait aucune mémoire.
J'en ai profité pour scanner les diapositives de notre premier concert au Lycée Claude Bernard en 1971 avec Epimanondas et H Lights, de notre quartet avec un second percussionniste, Gilles Rollet, au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris et de quelques photos de Dagon à la Fac Dauphine où je jouais en robe de chambre et béret rouge.


À la Gaîté le contrat avec le théâtre stipulait que nous devions nous produire dans le décor de la pièce qui s'y jouait alors. Cela nous plaisait plutôt. J'ai toujours trouvé les scènes musicales froides et impersonnelles. L'éclairage ne suffit pas à créer une ambiance cohérente avec la dramaturgie musicale. Dès sa création en 1976, Un Drame Musical instantané construisait ses propres décors pour plonger les spectateurs dans un spectacle total.


Sur la photo je reconnais mon instrumentarium de l'époque. J'ai bêtement vendu mon ARP 2600 en 1994, mais conservé les patches qui tiendraient lieu de partitions si je rencontrais un ancien spécimen. Mon petit mixeur rudimentaire, les deux magnétophones à bandes et ma sono Yamaha, responsable de ma hernie discale et de mes trois disques écrasés (non, ils n'ont jamais appartenu au label GRRR), ne sont plus, mais je possède toujours le sax alto, les diverses flûtes, le melodica, toutes ces percussions ainsi que la cythare et la senza. Par contre j'ai rasé ma barbe et perdu mes cheveux.