Dans la vitrine de la librairie le nom de l'auteur du roman Ils ont tous raison me fait croire à un homonyme du cinéaste qui réalisa plusieurs films que j'ai adorés et évoqués ici-même : L'homme en plus (L'uomo in più, 2001), Les Conséquences de l'amour (Le conseguenze dell'amore, 2004), L'Ami de la famille (L'amico di famiglia, 2006), Il divo (2008). Je n'ai pas encore vu This Must Be The Place, mais il passe la semaine prochaine au Cin'Hoche en bas de la colline. Enquête faite, Paolo Sorrentino s'est essayé avec le même succès au roman qu'avec ses films qui ne rencontrent pourtant pas en France le succès mérité. Si Il divo est un film survitaminé et politique, Les conséquences de l'amour joue d'une narration de l'attente et l'utilisation du son et de la musique y est absolument remarquable...
Ils ont tous raison est un livre étonnant dont les qualités sont fondamentalement littéraires. Sorrentino (traduit en français par Françoise Brun) possède un style que la critique italienne a comparé à la puissance de Voyage au bout de la nuit de L.F. Céline. Son écriture dense et rythmée ne s'embarrasse d'aucun formatage, d'aucune bienséance. Le langage, souvent cru et imagé, est typiquement italien. Sous le portrait d'un chanteur cocaïnomane, macho brutal et désabusé, c'est l'Italie qui est griffonnée, ou plus exactement, griffée rageusement. "Le style, il n'y en a pas beaucoup dans une époque, le style, le style, ça demande énormément de travail, il faut sortir les phrases de leur signification habituelle, les sortir des gonds, les déplacer, forcer le lecteur à déplacer lui-même son sens, légèrement, il faut tourner autour de l'émotion..." bégayait Céline.