La curiosité peut mener à la déprime. Non mais qu'est-ce qui m'a pris ? Fallait-il être maso pour écouter les artistes primés aux Victoires de la Musique ! Est-ce le prix à payer pour s'instruire ? Musiques plates, paroles affligeantes. Le palmarès étale une banalité qui ne vous apprendra rien. Pour me remonter le moral, j'ai cherché un disque à poser sur la platine. Le facteur avait glissé celui d'Edward Perraud dans la boîte. Aurais-je misé sur le bon cheval ? La richesse des timbres fait foi.
Le batteur a réuni le pianiste/claviériste Benoît Delbecq, le trompettiste Bart Maris et le contrebassiste Arnault Cuisinier pour enregistrer un album de jazz moderne qui rappelle la poésie de Jacques Thollot, un autre iconoclaste, adepte des fûts. Il danse d'un pied sur l'autre, notes pointées en tutu, croches pattes blanches et sabots noirs à la Française. Les inspirations débordent l'histoire de la musique. Savante ou populaire, d'accords ou improvisée, elle se conjugue à plusieurs temps sans négliger l'apport du rock et des variétés. Les changements de repères sont salutaires. L'orchestre se scratche lui-même dans les virages sans perdre de pièces. Synaesthetic Trip (Quarkrecords, L'Autre Distribution) possède l'homogénéité du mercure. On casserait bien le thermomètre pour avoir le plaisir de voir le métal liquide se reconstituer.