Le n°200 d'Étapes, paru en janvier, interroge 106 designers graphiques sur leur profession. De grandes lignes se dégagent des 128 pages hyperfournies, elles ne sont pas toutes réjouissantes alors que le domaine est de plus en plus couru : nouvelles pratiques informatiques, transmission indispensable, déprofessionnalisation, budget à la baisse, mauvais payeurs, perte de sens, etc. Alors que je découvre quantité de propos passionnants, la revue finit par me tomber des mains, car sa maquette n'est pas à la hauteur de l'enjeu. Les textes constituent une fastidieuse continuité typographique qui ne met aucun en valeur, les citations très fades semblent avoir été tirées dans un chapeau, les illustrations apparaissent totalement arbitraires et sans mise en pages cohérente. Au bout du compte, rien ne ressort et aucune analyse n'accompagne l'énorme corpus. C'est dommage, alors que les propos des designers, enseignants, collectionneurs sont riches et variés, malgré les nombreux points de concordance. L'intelligence qui s'en dégage laisse entrevoir la misère du design sonore, très en retard en regard des secteurs d'intervention considérables qui devraient y avoir recours. Art appliqué, le design graphique doit avant tout s'imprégner de son sujet et proposer des solutions adaptées au propos. Le temps de recherche n'est hélas plus pris en compte dans le cadre des commandes, le fond et la forme devant pourtant faire corps. Le parti-pris du designer est le gage d'un réel point de vue qui se démarque du formatage hypnotisant la clientèle. Il serait temps de s'échapper du marketing qui coûte si cher et fait tant de ravages. Pour "voir", on se reportera aux autres numéros de cette revue incontournable !