Arles, début du mois. Impossible fait gratuitement des Polaroïd de tous ceux et toutes celles qui passent dans la cour de l'École de la Photo, rue des Arènes. C'est le QG de l'équipe Coïncidence en charge des Soirées des Rencontres, mais Olivier Koechlin, retenu quelque part en ville, n'est pas sur le cliché. Il aurait probablement dépassé Valéry Faidherbe, le plus haut de nous quatre. Gila a l'idée de prendre en photo l'image non encore révélée. Elle va s'éclaircir et prendre des couleurs. En attendant c'est la nuit. La nuit Klein (Yves, pas William que pourtant j'adore). Ou alors une nuit américaine pour "une école française", thème de cette année. À ma droite Céline le Guyader veille au grain, pas celui de l'image en train de naître, mais elle coordonne les faits et gestes de notre équipée, des fois qu'on aille aux fraises au lieu de s'occuper de la projection du soir au Théâtre antique. Pendant les pauses nous nous tirons mutuellement le portrait. Certains ont le pixel fin, d'autres préfèrent Instagram, mais personne ne se prend au sérieux. On se souviendra. Peut-être. À quoi servent toutes ces prises quand on a les yeux plus gros que le ventre, encore que le mien ait une fâcheuse tendance à gonfler avec le régime resto à tous les repas ? On rejette à l'eau les petits poissons qui n'ont pas la taille. On espère toujours le miracle. Et ça, le ça, s'accumule dans des tiroirs, sur des disques durs plus fragiles que tous les supports qui ont précédé le numérique après la camera obscura. C'est là qu'on met les enfants qui ne sont pas sages. Tout s'explique. Les bleus, la nuit, cette chambre noire, le travail de galérien, le rêve et les étoiles. Sur l'image qui voit le jour apparaissent quatre garnements vraiment pas pressés de grandir.