Suite du compte-rendu de séances de la veille.
J'avais boudé Cosmopolis (2012), après le précédent opus de David Cronenberg sur Freud totalement inutile, me disant qu'il fallait bien se faire une raison comme pour Tim Burton, Spike Lee, Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola dont les bons films datent de plus de vingt ans. Erreur, fatale erreur ! On ne devrait jamais écouter personne en matière de goût (à bon entendeur salut ;-). Comme Holy Motors il a divisé la critique et rencontré un succès mitigé depuis le Festival de Cannes. Sauf que Leos Carax a tourné une pâtisserie indigeste, poésie maniériste déconnectée qui n'arrive même pas à la cheville du malheureusement décrié Pola X où Scott Walker fait une apparition remarquable et pourtant peu remarquée, et évidemment de son unique chef d'œuvre qu'est Mauvais sang. Réalisé avec peu de moyens d'après un roman de Don DeLillo, Cosmopolis est une réflexion étonnante sur le monde actuel, un o.v.n.i. sec comme une trique sur le vertige mortifère créé par l'écart des richesses, la perte de repères, l'année dernière à... New York puisqu'il nous a fait penser aux premiers Resnais. Relation énigmatique dont je n'ai pas trouvé l'explication, Cosmopolis commence où se termine Holy Motors sur la question de savoir où dorment les limousines. Carax la brique après avoir feint la déglingue, Cronenberg la déglingue après avoir feint les briques. Celle du premier n'est qu'une loge de théâtre tandis que le second en fait la citadelle où se réfugient les gloires éphémères de l'économie.