Préparer un concert ne rime pas forcément avec répétition. Comme prévu, Vincent Segal et Antonin-Tri Hoang sont venus discuter du concert de vendredi au Pannonica de Nantes les mains dans les poches. Lorsque l'on va improviser ensemble il est plus important d'être sur la même longueur d'ondes que de griller ses cartouches. Le premier fixé au violoncelle, le second au sax alto et aux clarinettes, la variété de mon instrumentation structurera la soirée. Si la démonstration de mon piano préparé virtuel les convainc ils me font abandonner le Kaossilator de l'iPad pour l'original en dur. Ils adorent son côté brut et vintage quand sa version numérique sonne trop proprette. Le plaisir de nous retrouver en toute amitié nous fait digresser vers moult sujets extra-musicaux qui constitueront probablement le terreau de notre inspiration. Avant de nous quitter nous évoquons les dernières trouvailles de chacun.
Je lance le mouvement avec le folk rocker Sixto Rodriguez découvert grâce au Glob de Jean Rochard. L'arrangement de Sugar Man est étonnant. J'ai l'impression de me reconnaître dans les effets spéciaux ! Je dégotte ses deux albums de 1970 et 1971, un live de 1998 enregistré en Afrique du Sud où le Mexicain fut un héros anti-apartheid sans le savoir, trois singles, et surtout le film suédois de Malik Bendjellouls qui sortira en France le 26 décembre prochain. J'y reviendrai forcément...


Vincent sort de sa manche une version live de ‪L'enfant, la mouche et les allumettes‬ de Jean-Claude Vannier dans un show de Roland Petit accompagnant la collection automne/hiver 1971 d'Yves Saint-Laurent. Décoiffant ! Et ça passait à la télé... Cette version est encore meilleure que celle de L'enfant assassin des mouches, l'album écrit sur un conte de Serge Gainsbourg. Quel couturier aurait aujourd'hui un tel toupet pour choisir la musique de son défilé ?


Je n'ai pas l'habitude de faire suivre les séquences YouTube, mais Vincent continue avec la version de Gangster of Love enregistrée à Brême en 1976 par son auteur, Johnny "Guitar" Watson, ahurissant ! Ce morceau écrit en 1957 avait été repris par le Steve Miller Band dans le magnifique album Sailor qui est un de mes préférés de l'époque psychédélique. L'extrait explique bien pourquoi Johnny "Guitar" Watson était le guitariste préféré de Frank Zappa. Appréciez aussi les silences !


On termine pour aujourd'hui avec Sam's Boogie de Magic Sam, disparu en 1969, histoire de remettre les pendules à l'heure dans l'histoire de la guitare électrique. Du papier de verre !