Camille prend toute sa dimension en spectacle. CD et DVD en témoignent dans son nouvel album, double et doublé, audio seul, visuel ajouté sur la seconde galette. ilo lympia reprend les chansons de ilo veyou plus les précédents Ta douleur, Janine, Paris, Cats and Dogs, Pâle septembre, Au port, Wet Boy, Le banquet... En prime sur la version vidéo, un délicat Que je t'aime qui souligne le lien de la chanteuse inventive avec le rock et la chanson française. Après la disparition physique ou artistique de Bashung, Rita Mitsouko et Noir Désir, elle incarne la relève la plus authentique et la plus originale. Je n'oublie pas les chanteuses plus expérimentales qui ont montré la voie comme Brigitte Fontaine, Élise Caron et toutes les géniales improvisatrices déjantées, mais on sent ici l'énorme potentiel d'une jeune femme qui allie musiques savante et populaire, toujours prête à nous surprendre. Espérons-le après la déception du médiéval Salon des refusées de Claire Diterzi, très en retrait du foisonnant Tableau de chasse et même de Rosa La Rouge.
Le film montre une Camille galvaniseuse de foule, exubérante, drôle et généreuse. A capella ou soutenue vocalement par seulement trois complices, son compagnon et musicien contemporain Clément Ducol (guitare et piano) ainsi que le fidèle Martin Gamet (contrebasse et piano) et l'éclectique Christelle Lassort (violon et piano), elle allume un superbe feu d'artifice dont elle assure elle-même la mise en scène sous la lumière de Damien Dufaitre et scénographiée par l'extravagante Robyn Orlyn. De plus, ce spectacle cousu main est remarquablement filmé par Jérémiah, ce qui ne gâte rien !