Il faut parfois du temps pour se laisser apprivoiser par un chat. À la maison, Scotch m'enjambe tous les matins, sans aucune reconnaissance du ventre puisqu'il va s'allonger sur celui de Françoise après m'avoir marché dessus alors que c'est moi qui lui donne le plus souvent à manger. À Saint Clément de Rivière il nous aura fallu de nombreuses années avant que NaNob vienne me faire un gros câlin en ronronnant. Il est vrai qu'à remuer tout le temps je ne dois pas être très rassurant. Je me demande aussi si le fait que Scotch est un mâle et NaNob une femelle ne participe pas à ces jeux croisés. J'y mets pourtant du mien, persuadé de parler quelques rudiments de langage félin. Bernard m'avait appris à insulter dans leur langue et Lupin m'avait sauté ce jour-là à la figure, phénomène qui ne s'est jamais reproduit car j'évite désormais de regarder un chat dans les yeux en faisant mine de gratter le sol comme si j'enterrais mes crottes. Le reste est essentiellement question de ton, même si nos amis comprennent parfaitement certains phonèmes ou quelque enchaînement de syllabes, surtout s'il s'agit de leur nom. Sinon j'essaie de transposer comme je le fais lorsque je feins de parler une langue étrangère dont j'ignore presque tout. Mon intérêt pour les autres cultures que la mienne m'aident considérablement dans mes tentatives de dialogue. J'étais si content que NaNob vienne partager ma sieste que j'ai attrapé l'iPad et immortalisé ce délicieux moment. Le lendemain la chatte a passé sa journée sur Françoise, contrariant ma théorie.