Ton sur ton. Mouvement imperceptible des feuilles. Il faut que je compose avec tout ce vert. Rejet de toute analogie électronique, le fantasme symphonique me hante depuis toujours. Les cordes s'imposent comme une évidence pour leur légèreté foisonnante, rebonds des archets ou tirés-poussés très courts et frénétiques. Je fais courir mes doigts. On entendra ce que l'on peut seulement deviner derrière les buissons. Une présence. Celle de Jacques Perconte ? Un animal ? Sanglier ou scarabée ! Les petits font parfois beaucoup de bruit. Inquiétant si l'on résiste, fascinant si l'on se laisse aller à la rêverie. Le thème de L'arbre de vie valide cette vie grouillante et invisible. On entendra la sève couler dans ses veines. J'empile les vertèbres après les avoir dessinées une à une. L'inconscient fonctionne à l'intuition. J'enregistre sans vraiment savoir, cherchant les effets d'orchestre, la vibration, la vie même, ce n'est jamais simple. À la fin de la séance je jette tout ce que j'ai fait et je recommence dans la continuité, par touches successives. Il ne me reste plus qu'à associer les séquences avec les différents mouvements de l'arbre qui cache la forêt. Quelques pas, une respiration, le son d'un bol chantant. L'imposante structure cède la place au synchronisme accidentel. Jacques me demande de retenir l'entrée des cordes avec le bruit des feuilles que j'ai déjà placé ailleurs et d'ajouter des basses pour faire exister la terre sous le ciel. On aperçoit l'une et l'autre sous les compressions successives, ou leurs représentations saturées, touches de jaune, de bleu, de rose. Je puise cette dialectique des éléments dans les quelques prises laissées de côté, hors-champ. Tout est déjà là, les évocations m'ont été inspirées dans les jours qui précèdent. Reste à soigner les articulations. Je découvre le titre l'avant-veille de la première : Árvore Da Vida.