La presse spécialisée continue de boycotter les albums musicaux qui ont adopté une forme dématérialisée sur Internet. À moins d'une mutation tardive, ils signent leur propre faire-part de décès. Les grandes surfaces ne vendront bientôt plus aucun CD et les petits magasins ont un débit trop mince pour faire vivre producteurs, distributeurs et, last but not least, les artistes. Il n'y a qu'à la fin des concerts que les albums physiques partent comme des petits pains, pour peu que le public ait apprécié le show. La tendance est aujourd'hui au téléchargement, légal ou pas. Nous ne sommes pas là pour nous en réjouir, d'autant que les conditions de diffusion sont souvent déplorables, mp3 compressant la musique en en supprimant les détails, haut-parleurs riquiquis des ordinateurs, junk food culturel affadissant l'écoute critique...
Il n'empêche qu'en offrant gratuitement ses nouvelles productions, en écoute et téléchargement, le label GRRR a multiplié de manière explosive son audience sans dépenser les sommes importantes que la fabrication physique imposait. Pour l'industrie discographique c'est un manque à gagner. Pour les artistes c'est une aubaine. Les grosses machines ont du souci à se faire tandis que les indépendants pourraient y voir une opportunité salvatrice, leur économie étant forcément à repenser en ces temps de "crise" où le Capital est devenu plus meurtrier que jamais. Encore faudrait-il que les journalistes soient un peu plus solidaires de ceux dont ils dépendent réellement ! Leur emploi ne tient qu'à la bonne santé du secteur tout entier. Idem avec les programmateurs qui ne prennent aucun risque en choisissant toujours les mêmes artistes et en faisant la sourde oreille aux jeunes mouvements qui s'animent...
Un CD comme Tamala du Toukouleur Orchestra, produit grâce au crowdfunding, sort sans label ni numéro de référence ; à quoi bon puisqu'il ne se retrouvera pas dans les bacs, mais qu'il sera distribué par les musiciens eux-mêmes pendant les concerts ou via leur site Internet ? On le trouvera également sur toutes les plateformes de téléchargement moyennant 34,99€ et 10% de commission versés à Zimbalam qui se chargera de l'opération... Et ça marche !
Improjazz brise une fois de plus l'omertà sur les albums GRRR en publiant un article signé Gary May dans le numéro 193 de mars qui vient de sortir, à propos de Rêves et cauchemars du trio que j'ai formé avec Antonin-Tri Hoang et Edward Perraud. Gary May annonce également les albums d'El Strøm avec Birgitte Lyregaard et Sacha Gattino...

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