Le village du prisonnier
Par Jean-Jacques Birgé, mardi 3 septembre 2013 à 00:45 :: Voyage :: #2636 :: rss
Pendant longtemps il y eut des vignes à perte de vue. Avant, qui sait ? Les promoteurs ont acheté la terre. Se seraient-ils mis à l'eau ? On peut en douter. La ville gagne partout sur la campagne. On bitume, on monte, on couvre. Ils ont construit une ville morte. Pourtant son kiosque abrite de temps en temps un concert. Depuis la maison autrefois isolée de notre amie, un soir on entendit celui de trois ténors. Nous avons cru que c'était le son d'une radio ou d'un auto-radio, mais le lendemain une affichette nous détrompait. Les commerces ressemblent au décor pomponné d'un luxueux train électrique. Depuis les roseaux on attend en vain âme qui vive. Rien ne bouge. Nulle Juliette ne se penche au balcon. Aucune jumelle ne cherche son marin. Ce village de comédie musicale rappelle le célèbre feuilleton anglais où le Numéro 6 revendiquait d'être un homme libre. Il ne manque que le rôdeur, énorme boule blanche et molle qui ramenait au bercail les fuyards. Ici on ne fuit pas. On rentre sagement au bercail après le travail en ville. Tout est parfait dans le meilleur des mondes.
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