Some Velvet Morning, le dernier film de Neil LaBute est un huis-clos où s'affrontent un homme et une femme dans un rapport de perversité largement plus retors que La Vénus à fourrure de Roman Polansky. Neil LaBute filme la méchanceté des hommes comme personne, dressant toujours un parallèle avec la mise en scène, sorte de mise en abîme des manipulations dont ils sont les auteurs ou les pantins. En compagnie des hommes (In the Company of Men), Entre amis et voisins (Your Friends and Neighbors), Nurse Betty, Fausses Apparences (The Shape of Things), Harcelés (Lakeview Terrace), Panique aux funérailles (Death at a Funeral) sont des portraits grinçants de notre société moderne où les apparences sont le nerf du sujet. Le réalisateur affectionne les coups de théâtre qui font tomber les masques de ces pervers narcissiques dont les victimes sont la matière première de leurs œuvres diaboliques. Également homme de théâtre, il dirige remarquablement ses acteurs aux dialogues toujours acérés (DVD Zone 1, New Video Group).
Filmé entre autres le soir-même de la dernière élection présidentielle, La bataille de Solférino est un tour de force virevoltant où le jeu des comédiens et la caméra portée rappellent les films de Cassavetes sans perdre le style des comédies dramatiques françaises. Justine Triet, dont c'est le premier long métrage, tire un portrait de famille éclaté(e) où le couple en prend pour son grade, la folie de l'époque déstabilisant ces parents immatures avec, comme chez LaBute, un net penchant pour les femmes tout de même moins azimutées que la gente masculine. La réalisatrice manie un humour corrosif dans les situations qui pourraient tourner au vilain, mais sa tendresse évite les jugements manichéens, produisant une distance qui nous laisse libre de penser malgré la vitesse des répliques et une tension longtemps entretenue. L'immersion de la fiction dans des circonstances documentaires rappelle Lelouch sans le côté fleur bleu de l'anecdote. De plus le film bénéficie du recul historique après quelques mois passés, mettant en scène le réel dans des séquences qu'aucune équipe de reportage télé n'a jamais su capter. Habituellement seuls des documentaristes comme Depardon ou Wiseman savent filmer l'envers du décor. Avec le temps qu'exige l'analyse, Justine Triet dévoile les fantasmes des militants qui déchanteront aussi rapidement que le couple dont l'inconscient se devine derrière les corps et les cris (DVD Shellac Sud).