À Arles aux Rencontres de la Photographie les intermittents ont voté de ne pas bloquer les expositions ni l'inauguration de lundi, mais de créer des interventions multiples tout au long de cette journée, et probablement pendant toute la semaine. Comme partout cet été ils sont partagés entre tout bloquer ou inventer des actions qui sensibilisent le public, la presse, les pouvoirs publics et tous ceux qui ne comprennent pas ou disent ne pas comprendre leur lutte. Au delà de ce qui semble se jouer là, il devrait s'agir d'étendre ce statut à tous les précaires, voire à tous les chômeurs, et plus encore imaginer un revenu de base pour toutes et tous. Mais en voyant les radicaux d'un côté et les frileux de l'autre, la question de ce qu'est devenue notre société est préoccupante.
D'un côté les plus radicaux ont la nécessité de sentir qu'ils peuvent faire quelque chose, même si c'est purement symbolique, car pour que ce soit efficace il faudrait toucher le capital au porte-feuilles donc tout bloquer, et pas seulement une journée ; de plus cette action sonne négative auprès de bon nombre de la population et de leurs propres camarades qui désespèrent d'enterrer leur passion en rangeant dans un placard leur outil de travail. De l'autre, les frileux sont tout aussi démunis pour trouver une alternative à la grève, méthode de revendication qui a fait long feu, mais l'un des rares recours légaux...
On peut regretter les votes à l'unanimité où la solidarité s'exprimait tous azimuts, et la grève générale qui nous rassemblait, mais les temps ont changé. La grève telle qu'elle se pratique n'est plus appropriée aux luttes actuelles. Les manifs sont devenues des promenades familiales et les grèves des jours non payés. Le pouvoir se moque des hurlements de la rue tant qu'ils ne le mettent pas réellement en difficulté. Rappelez-vous que nous avons voté majoritairement contre la Constitution Européenne pour qu'on nous l'impose tout de même. Belle démonstration de démocratie totalitaire ! De son côté la coordination des intermittents n'a pas chômé, proposant des solutions que ni le Medef ni le gouvernement n'ont daigné étudier et discuter, préférant agréer un système de plus en plus inique avec la bénédiction d'un président et de son premier ministre que l'on aurait pu croire seulement sociaux-démocrates, mais qu'à la réflexion l'on pourrait imaginer "infiltrés" par la droite explicite ! Rien n'est jamais absurde lorsque l'on a affaire à l'absurdité.
Ma crainte la plus terrible est que le pouvoir se moque de toutes nos actions, grève ou pas, et qu'il faille que nous en fassions tellement plus pour donner à tous et toutes le courage de changer, de changer de vie, de changer de vie ensemble. L'urgence est là. Quelles que soient les décisions que nous prendrons il est indispensable que toutes et tous se serrent les coudes et se creusent les méninges pour inventer des moyens efficaces de se faire entendre et d'empêcher la catastrophe programmée.
Au Théâtre antique la scène accueillera probablement les intermittents avant chacune des soirées du 9 au 12 que nous concoctons avec amour... À suivre.

N.B. : pour plus d'infos, lire ici et .