Il est terrible le petit bruit de l'œuf cassé devant sur la terrasse, il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'oiseau qui a faim, envolé quand je me suis approché. J'ai d'abord pensé au son d'une coquille qui éclate et s'effrite. D'autant qu'en m'entendant le volatile a pris ses ailes à son cou. Aucune trace de jaune : pourquoi aurait-il lâché sa future progéniture ? Cela ne tient pas. C'est une noix qu'il a laissé tomber pour la décortiquer. Je me suis souvenu de tout ce qui traîne là-haut, sur le toit. Sur les tuiles rouges on trouve des os de poulet et de mouton, des petits cailloux, des bouts de bois... Les oiseaux jettent leurs larcins depuis le ciel pour prendre ce qu'il y a de meilleur à l'intérieur. Une noix, qu'est-ce qu'on y voit quand elle est ouverte ? Ils font des expériences, certains aspirent la moelle, d'autres préfèrent les graines. De temps en temps ils se mélangent les pinceaux en choisissant des pierres. Les plus grosses pourraient être dangereuses si elles vous atterrissaient sur la tête. Je leur ai donné un coup de main en extrayant les cerneaux. Mais tandis que je tape ces lignes j'entends le son froissé d'une nouvelle tentative. On connaissait les pluies d'insectes et de grenouilles, faut-il s'habituer au grain des noix ?