Tous les scénaristes ne sont pas Alan Ball ni David Simon, capables de conclure une série avant son essoufflement. On imagine les pressions subies de la part des chaînes TV devant la manne que représentent les séries à succès. Le dernier épisode de Six Feet Under marqua la démonstration éclatante du désir d'en finir une fois pour toutes pour passer à autre chose et The Wire aurait pu durer une éternité sans la détermination de son auteur. L'un et l'autre ont livrées cinq saisons sans fléchir, alors que leurs créations suivantes, respectivement True Blood ou Treme, ont du mal à tenir la distance.
Ainsi la septième saison de Mad Men aurait pu condenser ses quatorze épisodes en un seul au lieu de jouer les prolongations en délayant laborieusement un final que seul le clin d'œil Coca Cola de la dernière minute rehausse en ramenant la fiction vers une réalité imaginaire. Curieusement quantité de pistes n'auront pour autant pas été exploitées, abandonnées en cours de route sans que l'on en saisisse la raison, telles les allusions au passé de Don Draper ou l'avenir de chaque personnage... Avenir que seul Alan Ball sut donc magistralement dessiner dans le dernier épisode exemplaire de Six Feet Under, aussi brillant que sa première saison.
Les variations criminelles de Game of Thrones finissent également par lasser, les saisons semblant tenir essentiellement à la disparition tragique des protagonistes les uns après les autres. Une direction d'acteurs moins caricaturale aurait probablement apporté une finesse que le manichéisme général étouffe. Chaque comédien jouant imperturbablement toujours avec la même expression de visage, on imagine qu'à l'avenir les rôles pourront être tenus par des créatures de synthèse à l'image des décors.
J'ai regardé plus de la moitié de l'étrange Sense8 des Wachowski, mais ce n'est ni Matrix ni Cloud Atlas : tout est tiré en longueur, comme si les auteurs étaient payés à la minute... Les liens psychiques qui relient les personnages tissent une toile vaine rappelant la vacuité d'Internet, répétition des mêmes gestes d'épisode en épisode, comme autant d'impasses communicantes. Les huit personnages en quête du même auteur ne sont que les ambassadeurs des films mainstream de leurs pays respectifs, caricatures d'un cinéma de distraction dont les variations géographiques ne cachent pas l'uniformité.