Depuis vendredi soir toute publication qui ne se réfère pas au massacre, directement ou indirectement, semble hors du temps. Les publicités préprogrammées ont quelque chose de pornographique. Les internautes qui cherchent à se changer les idées en regardant un film drôle, en écoutant de la musique, en croquant du chocolat, le font en réaction contre l'absurdité de la violence qui nous submerge. Ne pas regarder la télévision nous permet probablement de ne pas céder à l'émotion qui empêche de réfléchir. Nous discutons beaucoup avec les amis. Les réseaux sociaux nous montrent à quel point d'autres partagent notre analyse. Ils sont cent fois plus nombreux qu'en janvier dernier à résister à l'union nationale qui voudrait nous faire marcher comme un seul homme derrière un étendard. L'initiative bleu blanc rouge de l'entreprise américaine FaceBook est également des plus suspectes. Comme nous craignons les dérives va-t-en guerre ou xénophobes nous cherchons à comprendre pourquoi les assassins ont frappé à ce moment-là, passé les conséquences de la politique catastrophique des gouvernements français successifs. Paris n'est qu'une cible parmi tant d'autres sur la planète où des innocents meurent chaque jour sous les balles de petits soldats à la solde d'intérêts économiques considérables. On voudrait nous faire croire qu'il s'agit d'une guerre de religion, mais vendredi ils sont morts pour du pétrole. Quand on pense que ce pétrole asphyxie la Terre le bilan est d'autant plus atroce.
Conjoncturellement, tandis que l'Iran revient à la table des négociations sur la Syrie l'attentat sanglant de jeudi à Beyrouth touche le quartier Hezbollah. Les Sunnites de Daesh sentent le vent tourner à leur désavantage. La France se préoccupe plus de la vente de ses Rafales au Qatar ou à l'Arabie Saoudite que de processus de paix. Les citoyens paient cette inconséquence. Les lois liberticides de Valls, passées grâce à l'émotion suscitée par les attentats de janvier, sont inefficaces quant à prévenir les drames qui ensanglantent notre sol, mais elles sont une menace pour l'avenir de ce qu'ils nomment démocratie. François Hollande espère-t-il échapper au verdict des urnes en jouant dangereusement les va-t-en guerre ? Ce ne sont que des pistes de réflexion, nous ne sommes pas dans le secret des dieux, ces multinationales qui mènent le monde à sa perte sous la bannière d'un ultralibéralisme manipulateur, aveuglant les populations sous le flot d'informations sensationnelles qui brouillent les enjeux économiques, politiques et sociaux.
Cela ne m'empêche pas d'être triste et solidaire des familles des victimes sacrifiées par le système.