Ma dernière réponse à Raymond Macherel, chargé de communication du film Comme des lions de Françoise Davisse, précise quelques faits et réflexions qui, même sortis du contexte, évoquent quelques remarques et sentiments que je ressasse depuis trop longtemps. Commencé sur FaceBook, continué sur Mediapart, cet "échange" voit probablement ici son terme, car il ne sert à rien d'insister lorsque c'est peine perdue. Par contre, à la relecture j'y décèle en filigranes quelques éléments de morale qui me sont chers. Les points abordés sont donc des réponses du tac au tac aux propos de mon interlocuteur.
1. La gauche n'est ni au pouvoir, ni au gouvernement. Je ne l'ai jamais cru, au grand jamais. Je ne suis pas non plus dupe des votes auxquels j'ai participé depuis que je suis en âge. Cinq minutes dans l'isoloir pour un résultat nul à chaque tirage de cette loterie pipée que l'on a encore le toupet d'appeler "démocratie". La bonne blague !
2. Mélenchon ne m'a jamais tiré de larmes. Il ne faut tout de même pas exagérer. J'ai apprécié son discours devant les associations LGBT et celui de Marseille où je n'étais pas, pas plus qu'à la Bastille.
3. Je ne comprends pas ton anti-mélenchonisme, après l'avoir adulé avec les mêmes excès romantiques de langage et les trémolos dans la voix que tu emploies aujourd'hui pour en encenser d'autres. De mon côté je n'ai jamais appartenu au PCF, ni au PG, ni d'ailleurs à aucun parti, mon engagement étant plus philosophique que politique, me retrouvant parfois sur le terrain dans des moments et des lieux en situation cruciale. Je fus compagnon de route des uns et des autres. J'ai ainsi soutenu (artistiquement) une campagne présidentielle par solidarité contre la droite officielle et celle prétendument socialiste. Je n'ai jamais été dupe de ce qui nous attendait. Donc aucune déception (ni en 1981 où je n'ai pas fait la fête, ni en votant contre Maastricht, ni aux dernières élections où j'ai fini par voter blanc parce que le noir, disait Monet, n'est pas une couleur, alors que le blanc est la somme de toutes, du moins quand on court vite). Déception tout de même de constater que lorsqu'il s'agit de culture, les "politiques" rejouent toujours le populaire contre l'imagination. Le style manque cruellement à l'idée, ici comme ailleurs. Et cela me rend triste quand Mediapart invite Zebda ou Les Yeux Dla Tête pour animer leur fête annuelle. C'est du même niveau que les manifs qui ressemblent à une promenade dominicale en famille.
Nuit Debout a au moins le mérite d'inventer autre chose... On évite ainsi le "tous pourris" et le "c'est trop compliqué", et l'on s'interroge sérieusement sur l'avenir, sans pour autant avoir la moindre idée de comment rassembler toutes ces fantastiques initiatives et énergies positives...
4. N'étant ni rentier, ni journaliste salarié, je ne vois pas comment je descendrai dans le Gard pour aller au cinéma, qu'elle qu'en soit la programmation, mais je m'en réjouis pour les habitants de là-bas. En dehors de cela je sors peu, car mes activités m'accaparent et mes loisirs s'épanouissent à des heures où tout est fermé!
5. Je n'ai jamais rencontré Ruffin, alors je vois mal comment il serait "mon ami", à moins que tu adoptes la terminologie de Zuckerman.
6. Tu continues à jouer l'opposition Ruffin/Davisse du plus mauvais goût. Cela transpire la jalousie et ne fera pas monter le nombre d'entrées d'un film pour lequel tu es payé pour le promouvoir.
7. Je continue à ne pas comprendre tes références aux films d'Orson Welles quant au monde qu'il aurait imaginé et que tu fustiges. De plus, les deux films militants dont tu parles et ceux dont tu t'es occupé précédemment n'ont hélas rien à gagner à être comparés avec ceux de Welles ou de cinéastes qui ont cherché la forme appropriée à ce qu'ils rêvaient d'exprimer. C'est bien ce qui m'ennuie dans la plupart des films politiques, qu'ils soient fiction ou documentaire. En général ils ne convainquent que celles et ceux qui sont déjà convaincus, et leur style est tout sauf inventif. Les vrais films politiques empruntent des chemins de traverse et nous poussent à la réflexion longtemps même après avoir été réalisés.
8. Quant on voit pour qui tu as travaillé et comment tu leur tailles en costard je ne sais pas comment le prennent ceux pour qui tu roules aujourd'hui lorsqu'ils te confient le soin de t'occuper d'eux ! Ton emballement d'hier et ta charge contre eux aujourd'hui frisent l'hystérie.
9. Je t'ai répondu du tac au tac, mais je me vois mal continuer à polémiquer en ce qui te concerne. Je le fais ici comme sur FB, pas forcément pour celles et ceux à qui je semble m'adresser, mais parce que j'imagine que nous sommes lus par d'autres qui préfèrent ne pas prendre part au débat, mais s'en imprègnent forcément.
Bien à toi,
jjb