Mes 150 cartes postales de mardi dernier m'ont toutes été retournées. Elles donnaient un effet nostalgique au poème de Jacques Prévert. Comme Isabelle suggérait que la lecture du texte soit véhémente, Sonia a eu l'idée de la société de contrôle. Pour contrebalancer le montage assez découpé, j'ai composé un drone bien épais en bloquant une touche de chacun des cinq synthétiseurs, le VFX, le V-Synth, le Wave, le Roland et un échantillon sur Kontakt. Malgré un petit jeu sur les potentiomètres de la table de mixage, aucun de mes mouvements ne semble perceptible. Le plus difficile fut de haranguer la foule pour interpréter cet Étranges étrangers. Comme je m'étranglais, Olivia qui passait par là me conseilla une petite giclée de Ventoline pour que j'arrive à finir mes phrases ! Elle était surprise du contenu politique du poème de Prévert. Peu de gens savent à quel point il s'engagea toute sa vie et comment cela transparaît dans son travail. L'idée, comme toute la série, est de montrer à quel point il n'a pas pris une ride. Là, c'est même d'une actualité brûlante. J'ai l'impression que les premières prises de voix m'étaient dictées par De Gaulle ou Malraux, avant que je rectifie le tir, apportant mes propres nuances dans les passages sensibles. La réverbération donne l'effet du meeting. Pendant les respirations j'ai ajouté quelques effets musicaux délicats, mais qui se sentiront lorsque Sonia aura calé ses plans d'archives. Ce ne sont que des sons électroniques inspirés par les oiseaux du bled, le défilé du 14 juillet ou les bombes incendiaires dans les rizières. Dans le colis envoyé par WeTransfer j'ai glissé deux ambiances de foule et un pseudo son de drone pour sonoriser la caméra de surveillance qui nous survole. On verra bien si on le garde ou pas, mais à la fin de la séance j'étais exténué, quasi aphone, et plutôt content du résultat...