Depuis que nous avons adhéré à l'AMAP de notre quartier nous mangeons de fait beaucoup plus de légumes. Le petit panier à 12€ que nous allons chercher chaque lundi soir nous suffit pour la semaine. À soixante kilomètres de Paris le maraîcher cultive juste un hectare et demi, ce qui limite ses possibilités actuelles d'approvisionnement à trente parts de récolte (avec les demi-parts cela correspond à quarante inscrits), mais il se débrouille pour varier les livraisons même pendant les mois d'hiver. Lors de petites réunions j'ai appris quantité de choses sur son métier, l'organisation de sa vie quotidienne, les espèces anciennes qu'il privilégie aux légumes hybrides F1. C'est la même chose avec l'éleveur vosgien qui nous livre le bœuf et le veau, pratiquant la biodynamie. Tout d'un coup le rapport à la nourriture devient concret. Jusqu'ici cela se cantonnait à du commerce, sauf lorsque nous allions à la campagne. Les familles sensibilisées à ces circuits courts où sont privilégiées les fermes de proximité dans une logique d'agriculture durable sont hélas essentiellement issues de milieux plus ou moins aisés, comme les clients du marché. La plupart des habitants continuent de faire leurs courses dans les hypermarchés qui sont souvent plus chers avec des produits de moins bonne qualité.
Nous avons également adhéré à la distribution des œufs, du pain (La Conquête du Pain de Montreuil, mais je vais aussi à La Gambette à Pain dans le XXe), de l'huile d'olive (qui vient de Grèce), d'un peu de laiterie et nous prenons une volaille par mois. En dehors des magasins bio qui se multiplient aux alentours, nous n'achetons plus que des produits ménagers en moyenne surface, et régulièrement je vais à Belleville pour tous les produits asiatiques dont je ne pourrais me passer, car ma cuisine est fondamentalement transcontinentale ! Nous allons aussi chez Ismaël, l'adorable épicier kabyle, centre névralgique du quartier. Le dernier "petit" panier contenait 800g de pommes de terre, 600g de carottes, 400g d'oignons, 200g d'échalote, 2 poireaux, 300g de mesclun (chou chinois, pourpier, mâche), 400g de radis vert, 500g de blettes, du persil, un peu de fenouil et de radis rouges. Le maraîcher ne pouvant produire plus que ce que son terrain lui permet, les nouveaux adhérents doivent attendre des désistements ou de nouvelles AMAP doivent se créer. Ce soir-là Françoise participait à la distribution !