70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mercredi 9 mai 2018

La ZAD Diderot en colère


La colère des riverains de la Dhuys ne faiblit pas devant l'absurde abattage des cerisiers du Japon de la rue Diderot. Sans concertation ni avertissement, la Mairie de Bagnolet a ordonné le carnage sous prétexte d'élagage. Au petit matin nous étions nombreux mobilisés pour dénoncer la politique municipale catastrophique. On nous répète qu'il n'y a pas d'argent dans la caisse de la ville, mais il y en a pour défigurer une rue en période de montée de sève et de nidification. Si les oiseaux ont subitement disparu depuis la coupe, les Bagnoletais sont sortis de chez eux. La quasi totalité de la rue et très nombreux du quartier ont signé la pétition s'élevant contre ces pratiques antidémocratiques et destructives. "Chaque arbre abattu en ville est un recul irrémédiable de la nature. Pourtant un arbre n'apporte pas seulement de l'oxygène tout en captant le CO2. Il réduit sensiblement la température lors de chaudes journées comme celle d'hier. Il est un abri pour les oiseaux et est indéniablement beaucoup plus design qu'un panneau publicitaire." écrit Jérémi Michaux...


Des représentants de la France Insoumise, du PCF, des Verts sont venus apporter leur soutien aux riverains catastrophés que la Mairie ait défiguré une des plus belles rues du quartier. Trois arbres ont été sauvés pour l'instant, mais la Mairie compte les faire sauter pour des raisons qui restent obscures. Nicole Geniez, Directrice de l'Environnement, du développement durable, de la Propreté et de la Nature Urbaine de Bagnolet, revendique son statut de paysagiste en prétendant que les arbres à 40 ans étaient arrivés en fin de vie, or un cerisier du Japon vit entre 50 et 100 ans (et ceux-ci ont été plantés il y a moins de 30 ans) ! Nous avons récupéré des souches prouvant que les arbres coupés étaient en parfaite santé. Un peu plus loin dans la rue, les mêmes cerisiers sont resplendissants, mais c'est aux Lilas ! Alors ?


À son tour, le député Alexis Corbière s'est joint à la délégation en Mairie où aucun élu n'a pu nous recevoir. Nous n'avons plus aucune confiance dans cette équipe municipale qui ne tient pas ses promesses d'aménagement du quartier et raconte n'importe quoi avec la plus grande arrogance. Pourtant, nous exigeons que des arbres soient replantés à l'automne, et pas des arbustes ridicules dont l'espèce est faite pour rester rachitique ! Comme gage de bonne volonté nous exigeons que le désouchage soit réalisé dans les plus brefs délais, et ce n'est pas une mince affaire vu la taille des cerisiers assassinés. Nous demandons à ce que les habitants du quartier participent aux choix qui seront faits et soient tenus au courant de l'avancée des travaux. Rien ne sert de faire des réunions de quartier, si aucun engagement n'est tenu, et si les décisions se font en douce sans y avoir été évoquées.


Le plus grave, c'est que la S.A.M.U.sa (qui cyniquement signifie Soins des Arbres en Milieu Urbain), société versaillaise sans foi ni loi qui avait emporté le marché d'entretien des arbres de Bagnolet s'attaquait hier 8 mai, jour de congé, aux magnolias de la rue Sadi-Carnot. Il est important que les habitants des autres quartiers ne se laissent pas faire. Si nous sommes en colère, c'est aussi à cause de la manière dont son responsable a outrepassé ses droits, ne nous produisant aucun ordre d'abattage, menaçant de faire tomber l'arbre dans lequel était perchée Eva Labuc pour empêcher la coupe des derniers rescapés et agissant avec précipitation autour des voitures pour éviter que nous nous interposions face aux tronçonneuses.

Toscanini Forever


J'en avais un peu marre d'écouter des disques qui ne me plaisent qu'à moitié. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas replongé dans ma discothèque classique, essentiellement des vinyles. J'avais eu ma période, qui avait commencé bien avant le grand orchestre d'Un Drame Musical Instantané, au milieu des années 70, mais qui y avait trouvé son apogée vingt ans plus tard après nos pièces symphoniques et opératiques. M'étant avalé les quatre volumes du Traité d'orchestration de Charles Koechlin suivi du Traité d'harmonie d'Arnold Schönberg, mes camarades Francis Gorgé et Bernard Vitet me suggérèrent d'abandonner, car mon écriture devenait banale ! C'est souvent ce qui arrive avec les autodidactes. Prendre ses distances avec la doxa est plus difficile pour nous qu'inventer un nouveau langage.

Mon père ne possédait que la Ve de Beethoven par Karajan et le concerto pour piano en la mineur de Schumann. Lorsque j'eus vingt ans, devenu l'assistant de Jean-André Fieschi, celui-ci sut souvent trouver les entrées secrètes vers les mondes qui m'étaient inconnus. Il m'initia ainsi à l'opéra en commençant par Wozzeck et Pelléas. Je crois que la seconde symphonie de Mahler par Klemperer et les Kindertotenlieder par Kathleen Ferrier et Bruno Walter eurent immédiatement raison de mes a priori sur la musique classique. J'étais un musicien de rock particulièrement docte en la matière, passionné par Frank Zappa, Captain Beefheart, Soft Machine, Jimi Hendrix et tant d'autres merveilles que ma génération avait découvertes au fur et à mesure de leur apparition. Le free jazz m'avait été révélé au Festival d'Amougies en 1969 et je voue toujours un culte inextinguible à Edgard Varèse. J'avais eu la chance de bœufer avec Eric Clapton et George Harrison, et de fréquenter mon idole à moustache et barbichette. Mon enthousiasme adolescent me permit de rencontrer également les Pink Floyd, Frank Wright ou Sun Ra. Après les encouragements de Bernard Lubat et Michel Portal, ma collaboration quotidienne avec Bernard Vitet qui dura plus de trente ans fut évidemment d'une richesse inégalée. Nous n'avons jamais cessé, ainsi qu'avec Francis, de discuter de toutes les musiques de la planète depuis la nuit des temps. Cet échange me manque aujourd'hui.

Ce printemps je cherchais donc une musique qui fonctionne avec les beaux jours. Les fenêtres grandes ouvertes je laissais entrer le soleil et je me demandais depuis quelques temps ce qui pourrait en sortir. Bon dieu, mais c'est bien sûr : Arturo Toscanini était la solution. Il y a de nombreux chefs que j'admire ou qui correspondent parfaitement à tel ou tel compositeur, mais la direction d'orchestre de cet impétueux italien correspond exactement à mon tempérament. On lui a reproché de ne pas toujours respecter le tempo ou d'aller trop vite, mais qu'importe si cela swingue comme le meilleur des groupes de jazz ! Parmi la soixantaine de mes vinyles du maître j'ai choisi ses invitations à la danse avec le NBC Orchestra dans les années 40 : Ponchielli, Verdi, Bizet, Catalani, Rossini, Weber, Brahms, Paganini, J. Strauss Jr, Berlioz se succédèrent ainsi sur ma platine pour le plus grand bonheur de mes voisins. Je n'ai pas repoussé le divan pour avoir accès à mes 33 tours, car je ne compte pas en rester là.