Les Allumés du Jazz ont publié simultanément un vinyle 30 cm et une revue de 124 pages à partir des Rencontres d'Avignon dont le thème était « Enregistrer la musique, pour quoi faire ? ». Les deux objets portent le titre « Aux Ronds-Points des Allumés du Jazz ». Cette association rassemble une soixantaine de labels de jazz, musiques improvisées ou tout simplement inventives. Or je suis sidéré par le travail fourni par tous les contributeurs de l'un comme de l'autre, des musiciens évidemment pour le disque, tandis que pour la revue ils ont été rejoints par des producteurs, des journalistes, des historiens, des disquaires, des ingénieurs du son, des organisateurs de spectacles, des bibliothécaires, des cinéastes, des photographes, des illustrateurs, etc. Les témoignages, analyses et réflexions débordent largement le cadre du jazz et dressent un portrait salé de notre société. Rappelons qu'il y a déjà 15 ans Francis Marmande écrivait dans Le Monde Diplomatique : « Les Allumés du jazz sont le seul journal de jazz à maintenir un point de vue politique sur cette musique. » Rien n'a changé, ou plus justement le monde a continué sa descente aux enfers, ce qui n'empêche pas les activistes de se battre contre l'absurdité des marchands avec les gouvernants à leurs bottes comme bras armé. D'où l'importance d'une telle somme ! Il m'est impossible de résumer ma lecture assidue tant elle fut riche d'enseignement, sans compter l'humour qui la traverse, que ce soit grâce aux flèches décochées par mes camarades ou aux dessins des nombreux illustrateurs. Les Allumés, jouant avec des allumettes, mettent le feu aux poudres en révélant l'envers du décor par leurs passionnants témoignages.
Les textes sont de Valérie de St Do, Francis Marmande, Guillaume Pitron, Hervé Krief, Sofian Fanen, Jean-Louis Comolli, Thierry Jousse, Guillaume Kosmicki, Pablo Cueco, PL. Renou, Bruno Tocanne, Guillaume Grenard, Alexandre Pierrepont, Christian Rollet, Thomas Dunoyer de Segonzac, Morgane Carnet, Michel Dorbon, Cyril Darmedru, Patrick Guivarc’h, Noël Akchoté, Cécile Even, Jacques Denis, Luc Bouquet, Jean Rochard, Guy Girard, Stéphan Oliva, Olivier Gasnier, Théo Jarrier, Pascal Bussy, Mico Nissim, Eve Risser, L’1consolable, Alexandre Herrer, Serge Adam, Daniel Yvinec, Laetitia Zaepfel, Saturnin Le Canard, Jean-Marc Foussat, Jean-Paul Ricard, Simone Hédière, Les Martine’s, Nicolas Talbot, Léo Remke-Rochard... Page 70 on trouvera le mien, Voir pour le croire, que j'avais écrit à la demande de mes camarades. Quant aux illustrations, elles sont de Nathalie Ferlut, Hélène Balcer, Denis Bourdaud, Matthias Lehmann, Johan de Moor, Zou, Jeanne Puchol, Thomas Dunoyer de Segonzac, Emre Ohrun, Anna Hymas, Efix, Jop, Rocco, Andy Singer, Laurel, Mape 816, Gabriel Rebufello, Sylvie Fontaine, Cattaneo, Thierry Alba, Pic, et les photographies de Judith Prat, Francis Azevedo, Guy Le Querrec, Sasha Ivanovich, Judith Wintreberg, Xavier Popy, Gérard Rouy. Nathalie Ferlut a signé la couverture de la revue comme celle du disque. Marianne T. secondée par Christelle Raffaëlli et les Allumettes Anne-Marie Perrein et Cyrielle Belot ont rassemblé ce superbe travail rédactionnel et graphique.
Continuité avec les 37 numéros du Journal des Allumés, les rubriques de la revue sont L'aventure collective, Numérique l'envers du décor, La simplification des stickers contre le discours critique, Le miroir aux allumettes, Quand le son rentre en boîte, Les travailleurs du disque, Les petites séries, Le musicien face à l'autoproduction jusqu'où ?. Est-ce assez explicite ? Que tire-t-on de cette lecture indispensable à qui veut comprendre l'histoire du disque, ce que nous voulons ou pouvons en faire aujourd'hui, et ce que nous réserve l'avenir à moins que nous nous groupions pour enrayer ou minimiser la catastrophe ? D'abord la joie et le plaisir de créer. Ensuite de le réaliser ensemble. C'est en fédérant toutes les forces en présence que nous pouvons résister à la mort programmée par le capitalisme dont le profit à court terme est le seul but. Il faut étendre ce combat aux autres secteurs de la musique, de l'art, de la culture, et par extension à tous les enjeux de notre vie, car c'est de cela que traite la revue en filigranes. Ce formidable élan vital est donc difficile à résumer ici, si ce n'est par la complicité que ce blog entretien quotidiennement avec les idées qui y sont exprimées tout au long des 124 pages qui explosent en couleurs...

Aux Ronds-Points des Allumés du jazz, revue au tirage limité, 5€ seulement !