Au moment où les évêques réclament un assouplissement du célibat des prêtres, il est stimulant de voir accrochée cette caresse entre un cardinal et une nonne, peinte par le génial et torturé Egon Schiele, d'autant que je viens de terminer Sodoma de Frédéric Martel, pavé fastidieux et mal écrit, mais terriblement éloquent sur les mœurs dissolus du Vatican et son hypocrite homophobie.


Le Musée Leopold à Vienne possède la plus grande collection mondiale de tableaux d'Egon Schiele. Certains, comme le Herbstbaum in bewegter Luft (1912) tournent à l'abstraction.


Les toiles de ce jeune révolté sont autrement plus impressionnantes que celles montrées récemment à la Fondation Vuitton qui avait, par ses choix, censuré les plus provocantes. J'ai admiré bouche bée plutôt que pris des photos, mais voici la Mutter mit zwei Kinder II peinte en 1915 trois ans avant sa mort à 28 ans de la grippe espagnole.


Je passe sur les incontournables Klimt, plus intéressant dans ses paysages pointillistes (Seurat est son contemporain) que dans les tartes à la crème dorée déclinées en mugs, T-shirts, sacs, cravates, cahiers, etc. La bonne surprise est l'importance des salles consacrées aux peintures du compositeur Arnold Schönberg. Nombreux portraits, évidemment d'Oskar Kokoshka qui le présente jouant du violoncelle sans l'instrument (!), et auto-portraits, mais également certaines toiles de 1910 frisant l'abstraction et un coup de pinceau souvent impertinent. Ci-dessus, Bund que je ne sais traduire que par "fédération".


J'ai cherché en vain des ponts vers sa musique qui m'avait tant impressionné jeune homme au point de dévorer Le style et l'idée avant de caler un peu sur son Traité d'harmonie. J'ai fini par penser que Schönberg, c'était essentiellement Bach adapté au dodécaphonisme, et que trop de compositeurs occidentaux l'ont cru lorsqu'il a prétendu affirmer la suprématie de la musique allemande pour un siècle. La coupure des musiques dites savantes d'avec les musiques dites populaires remonte ainsi à l'École de Darmstadt, et en France il n'y eut plus de salut que pour les Bouléziens.


La scénographie du Musée Leopold est assez réussie, plongeant les œuvres dans un décor sobre, souvent du papier peint, une couleur ou une photographie agrandie, comme ici avec des éléments de mobilier de Josef Hoffmann. Si marcher des heures dans la ville est excellent pour la santé, piétiner dans les musées est exténuant. Je me serai bien reposé quelques minutes sur le lit. Alors j'installe mon tapis de fleurs, l'indispensable Shakti Mat, chaque soir avant de m'endormir en jouant les fakirs !