Guy Pannequin est mort libre comme il avait toujours voulu gérer sa vie. J'ignore les circonstances, mais la Grande Faucheuse l'a emporté à Bénarès, en Inde où il avait l'habitude de voyager lorsqu'il faisait trop froid dans le Lot. Nous avions découvert les Clowns Macloma au Théâtre Dunois en 1979. Guy, maquillé en noir, était le méchant, celui qui faisait peur aux enfants ; nous adorions l'ambiguïté de son personnage. Francis Gorgé, lorsqu'il ne travaillait pas avec Un Drame Musical Instantané, accompagnait leurs spectacles en direct avec sa guitare et quantité d'effets sonores aussi drôles que provocants. Ce furent QQQ, La repasseuse et Imbroglio. Lorsque le trio de clowns prit la direction du Théâtre Déjazet, nous y jouâmes souvent. C'est là que nous avons monté à Paris L'homme à la caméra, mais aussi L'argent de L'Herbier et l'intégralité des Fantômas de Feuillade. En 1989 nous avions engagé Guy pour Zappeurs-Pompiers 2 co-écrit avec la chorégraphe Lulla Chourlin (Card). Il se donnait à fond, tant et si bien qu'il se cassa le pied pendant les répétitions, but the show must go on ! et il assura la création au Cargo à Grenoble pour les 38e Rugissants.


Francis, qui a continué à le voir jusqu'à lui envoyer encore hier matin un message qu'il ne recevra jamais, se souvient des esclandres hors scène de notre ami. Au restaurant j'ai ainsi appris la différence entre pétoncles et Saint-Jacques ! Sur son site, assezvu.com, Francis livre un extrait d'un ouvrage de Bernard Bennech sur les Macloma non publié. Lui qui n'a jamais été meilleur qu'en onomatopées et borborygmes salés, en gestes menaçants et corps déglingué, donne un interview passionnant. Les Macloma avaient cédé à la proposition du Cirque du Soleil où ils officièrent une dizaine d'années, mais le retour en France fut décevant. Chacun partit de son côté, et Guy a finalement arrêté son cirque à Bénarès. Et pour une fois, il ne nous fait pas rire.