Je n'arrive pas à faire l'école buissonnière du blog. J'ai l'impression que si je manquais à cette discipline, je risquerais de m'arrêter à tout jamais. On me prend pour un hyperactif alors que je me vois comme un flemmard. Mais chaque jour et à peu près dans cet ordre, je passe une quinzaine de minutes au sauna, me lave, me brosse les dents, me rase, m'habille fut-ce tard, fais mon lit, cuisine, ne saute aucun repas, même si l'une ou l'autre de ces obligations me gave. Je ne parle pas du travail qui m'occupe de très tôt le matin jusqu'au dîner, parce qu'il m'arrive de flâner, pas assez à mon goût, ou de partir en vacances. La même discipline m'interdit de bloguer pendant les grandes, histoire de débrancher la perfusion dont je suis victime comme tant de monde. Je serai donc absent du 19 mai au 12 juin, quitte à relater notre séjour japonais au retour. Par contre, les petites incartades ne justifient aucune défection et je trouve toujours le moyen d'envoyer mon article où que je sois sur la planète. Ce n'est pas tout à fait vrai puisque j'avais continué à bloguer lors des récents séjours à Venise et en Roumanie.
Je raconte cela car il m'arrive tout de même de manquer d'inspiration alors que l'heure tourne. Je feuillète alors les images en attente, mais j'ai déjà exploité la plupart de celles susceptibles de produire un déclic dans mon ciboulot. Je jette un œil aux infos, via les mails, FaceBook, Mediapart, mais c'est généralement déprimant. J'aimerais prendre de la hauteur comme sur la photo, même si j'y vois une ombre au tableau, éviter de transformer mon blog en rubrique nécrologique ou en chroniques musicales ou cinématographiques, mais plutôt rapporter des idées séduisantes, en soignant le style par dessus le marché. Mais voilà, non, cela ne marche pas à tous les coups, en particulier les jours où j'ai travaillé comme un fou, pratiquant le forcing qui met en danger toutes mes bonnes résolutions disciplinaires. Par exemple aujourd'hui, j'ai bouclé mon nouvel album sur lequel je sue depuis un an, envoyé les dernières mises en son du MOOC sur l'intelligence artificielle et fait d'ultimes corrections à la partition musicale de l'installation générative Omni-Vermille d'Anne-Sarah Le Meur qui nous occupera la semaine prochaine puisque nous partons lundi à Karsruhe pour la mettre en place. J'ai parfois l'impression que je vais avoir le temps de me reposer, mais le téléphone sonne, il faut que je prépare la newsletter de mars, les réservations pour Hiroshima et la fin de notre périple nippon urgent, car même deux mois à l'avance beaucoup d'endroits sont déjà complets et il faut qu'ils coïncident avec les trajets en train, en automobile qui roule à gauche, en ferry, en bus, à bicyclette, que sais-je... Parfois, je reçois un disque, un film, une nouvelle qui éclaire ma journée et me donne envie de partager ma joie avec vous. Je préfère évoquer ce qui me sourit, évitant de dégommer ce qui m'ennuie et m'endort, sauf pour des raisons politiques. Vous ai-je d'ailleurs raconté que je suis 39e sur 39 de la liste Bagnolet en commun pour les élections municipales ? Inéligible donc, mais avec l'espoir de redresser une ville gangrénée par les dettes, la corruption et le clientélisme. Je sais bien que le vote est un leurre de notre pseudo démocratie, mais le combat de proximité est un des rares atouts qu'il nous reste, si ce n'est faire la révolution, qui est une idée qui ne me déplaît pas...
Enfin, même si ce 4371ème billet me semble faible, si je rabâche, il reste les liens hypertexte qui renvoient à des jours où j'étais plus en verve...