En cherchant à la cave des gélatines de couleur dans la cantine métallique qui contient les projecteurs du spectacle Crasse-Tignasse, j'ai retrouvé un rouleau d'adhésif miroir acheté il y a trente-cinq ans. J'en ai recouvert le lave-vaisselle blanc qui lui-même en a vingt. J'ai dû m'agenouiller pour qu'il réfléchisse autre chose que le sol bleu. Composée de petits carrés de plastique de 5mm de côté, la surface argentée a pixellisé cette perspective sur la salle à manger et la bibliothèque. J'ai toujours installé quantité de miroirs, non pour s'y voir, mais pour ajouter de la lumière, agrandir les espaces ou créer des effets d'illusion. J'aime transformer les endroits où je vis en décor de théâtre, en palais des 1001 nuits ou en boîte d'une seule, en jardin extraordinaire ou en jungle, toutes proportions gardées. À mes débuts dans le cinéma, je commençais par décorer la salle de montage dans le style du film sur lequel nous travaillions. J'ai beau être spécialiste du son, les images ont une importance capitale dans ma vie. Il n'y a qu'à constater le soin que j'apporte à illustrer mes articles, la plupart du temps avec mes propres photos. Mais la cuisine doit être avant tout fonctionnelle, avec des plans de travail suffisamment spacieux et dégagés pour y œuvrer au moins à deux. Le problème majeur est mon inaptitude impatiente au bricolage. En gros, c'est fait comme un cochon, mais je suis si fier d'avoir surmonté mes appréhensions et d'être arrivé au bout de l'opération que j'ai pris une photo pour vous montrer que je ne suis pas aussi manche que je le crois.