Il semble que mes cordes vocales n'ont pas été touchées par l'ablation de la thyroïde, mais je ne peux pas faire grand chose. Monter dans l'aigu exige une petite gymnastique. J'ai également un peu de mal à déglutir et le torticolis passe vraiment lentement. L'impression qu'un imbécile a voulu me montrer comment on fait un nœud de cravate, mais il a serré comme une brute, de l'intérieur. J'imagine que tout cela s'assouplira avec la cicatrisation qui tire sur mon cou.

Retour vers le futur.
On connaissait l'effet de l'hélium inhalé qui transforme la voix en Donald Duck en dehors de servir à gonfler les ballons. L'hexaflorure de soufre, cinq fois plus lourd que l'air, produit l'effet inverse en modifiant la voix en basse profonde, effet de ralenti obtenu artificiellement en ralentissant la vitesse de défilement d'une bande sur un magnétophone. La vélocité du son dans SF6 est 0,44 fois plus lente que dans l'air. Dans l'hélium, la vitesse est trois fois supérieure. La fréquence fondamentale de la cavité buccale étant proportionnelle à la vitesse du son dans le gaz, ces manipulations respiratoires attaquent les formants et produisent ces étonnantes transformations. Idem avec le protoxyde d'azote dit gaz hilarant...
Attention, tous ces produits peuvent être extrêmement dangereux : l'expérience doit rester courte et exceptionnelle. Inquiétez-vous si vous trouvez des cartouches argentées jonchant le sol à proximité des lycées ou ailleurs. Ces produits font des ravages sur la santé des ados. De toute manière les stocks d'hélium seront épuisés d'ici 2025. Depuis l'apparition des harmoniseurs sur le marché des effets sonores électroniques, on peut transformer sa voix en temps réel sans aucun risque, mais c'est évidemment moins drôle qu'émis acoustiquement par sa propre bouche.


Pratiquement lors de tous mes concerts j'utilise un vieil Eventide H3000, dit harmoniseur intelligent, qui me permet d'intervenir sur de nombreux paramètres, effets de glissés, découpages mélodiques par sauts de fréquences, infra-sons, etc. J'ai également conservé un Korg DVP1, l'un des premiers harmoniseurs polyphoniques contrôlables au clavier, utilisable aussi en vocodeur, encore que la dernière fois que je l'ai allumé j'ai eu l'impression qu'il avait rendu l'âme. Par contre la pédale H9 MAX d'Eventide sur laquelle je branche ma shahi baaja, le frein inventé par Bernard Vitet (contrebasse électrique à tension variable) ou mon kazoo amplifié offre des possibilités fabuleuses de transformation des sons.

Article réactualisé du 12 septembre 2008