J'avais d'abord rédigé un article, le 1er janvier 2010, sur le Light Book publié en 1973. Deux ans plus tard, le 6 octobre 2012, j'étais tombé par hasard sur une page web de l'Imprimerie Union reproduisant les douze images du Light-Book, mais également quantité de lettres de remerciements à Louis Barnier, l'imprimeur, ainsi qu'un tract raturé de H Lights conçu par mes soins, et une carte écrite de ma main illustrée par Antoine Guerreiro attribuée par erreur à Jack Renaud.

[J'avais commencé par citer] trois phrases que Louis Barnier avait mises en exergue sur la page de garde du Light Book auquel j'avais participé avec mes camarades de L'Œuf hyaloïde, dernière réincarnation d'H Lights avant houleuse dissolution. La dernière page indique : " Cette plaquette, qui reproduit avec le maximum de sympathie et - hélas ! - le minimum de fidélité des images de Michaëla Watteaux, Luc Barnier, Jean-Jacques Birgé, Philippe Danton, Thierry Dehesdin, Antoine Guerreiro du groupe de l'Œuf hyaloïde (ex-H Lights et ex-Despotes éclairés), a été achevée d'imprimer le 31 janvier 1973 par l'Imprimerie Union à Paris. Strictement hors commerce elle a été tirée à 777 exemplaires numérotés : les exemplaires 1 à 555 étant réservés à l'Imprimerie Union ; les exemplaires 556 à 777 étant réservés à l'Œuf hyaloïde. " La plupart de mes images (diapositives brûlées, acides bleus, polarisations) avaient été réalisées en 1969. S'y ajoutèrent le remix de Thierry avec la photo d'Isabelle (ci-dessus), ses cristallisations, deux acides rouges de Michaëla et un liquide séché d'Antoine (ci-dessous), plus un de Luc qui servit également à la couverture. Le père de Luc dirigeait la célèbre Imprimerie Union spécialisée dans les livres d'art luxueux et extrêmement onéreux. Le Light Book en était la cadeau de fin d'année, envoyé à l'ensemble des membres du Collège de Pataphysique dont Louis était l'un des Provéditeurs depuis 1953. Picasso mourut deux jours après l'avoir reçu ; de là à penser que nous l'avions tué, cela amusait beaucoup le père de Luc !
Je viens de scanner les cinq pages de la préface, texte fondamental sur le light-show que notre travail lui inspira.


J'avais commencé à gratter des diapositives ratées après avoir assisté en 1967 à une conférence à la MJC du quartier, donnée par un journaliste rock qui revenait des USA et dont je ne me souviens plus du nom avec certitude. En expérimentant diverses manipulations chimiques j'avais découvert que mettre le feu à la laque pour cheveux produisait d'intéressants effets sur la pellicule non révélée. Après un stage londonien chez Krishna Lights, j'étais devenu un expert en polarisations : en glissant entre deux plaques polaroïds des matières aux propriétés biréfringentes (plastiques étirés, ruban adhésif transparent...) et en faisant tourner l'une d'elle, on peut obtenir des couleurs éclatantes se transformant progressivement en leurs complémentaires. Michel Polizzi, puis Antoine, étaient des as des liquides en mouvement : il suffisait d'ôter le verre anti-calorique du projecteur de diapositives pour faire bouillir la préparation. Pendant les spectacles, j'étais aux commandes de quatre Leitz avec lesquels je dessinais un tryptique, utilisant mes images ou les photographies de Thierry... Le light-show se dissout vers 1974, époque correspondant avec ma sortie de l'Idhec et mon entrée dans la vie active. Les derniers spectacles furent "Brrr, qu'il fait froid ce soir, j'ai grand regret de n'avoir pas pris double manteau..." avec le comédien Philippe Danton, Francis Gorgé et moi pour la musique, le light-show étant assuré par Thierry, Luc, Antoine et Bernard Mollerat, ainsi que l'ouverture du Théâtre Présent (futur Paris-Villette) où nous faisions des projections pour un spectacle poétique d'Arlette Thomas et Pierre Peyrou. J'avais commencé avec Philippe Arthuys et terminai en sonorisant les montages audiovisuels de Michel Séméniako, Marie-Jésus Diaz, Noel Burch, Claude Thiébaut à l'époque d'Unicité. Entre temps nous avions assuré le light de Gong, Red Noise, Crouille-Marteaux (avec Kalfon et Clémenti), Le Vieux Berthoulet, Dagon, et j'avais fait mes gammes sur Kevin Ayers et Steamhammer à la Roundhouse. Le cinéma remplaça pour moi les projections psychédéliques, que ce soit en tant que réalisateur ou en initiant dès 1976 le retour au ciné-concert avec Un Drame Musical Instantané. Finalement, le multimédia avec les CD-Roms, Internet et les installations interactives, [représentera] la continuation logique du spectacle total conviant tous les sens en un melting pot essentiellement audiovisuel.